Au terme de sa tournée en Asie, le président américain offre un dialogue sous conditions à Pyongyang.
Lors de ses dernières heures en Chine, hier, Barack Obama s'est dit « impressionné » en se promenant sur la Grande Muraille. Mais c'est un mur fortifié d'un autre calibre qui attendait dans la soirée le président américain pour la dernière étape de son périple asiatique, à Séoul. Presque soixante ans après la guerre de Corée, la péninsule est toujours déchirée par la frontière la plus militarisée au monde et peut basculer à tout moment dans l'affrontement armé. Huit jours à peine avant sa première visite sur place, le chef de la Maison-Blanche a eu droit à une piqûre de rappel : une bataille navale en mer Jaune entre les deux Corées est venue souligner que la guerre froide jouait les prolongations le long du 38e parallèle.
C'est avec la conscience d'arriver en terrain miné que Barack Obama est descendu dans un froid glacial sur le tarmac de la base américaine d'Osan hier soir, d'où les chasseurs sont prêts à décoller à tout instant pour contrer les manoeuvres de Pyongyang. Après le Japon, Singapour et la Chine, cette dernière étape délicate, placée sous le signe de la crise nucléaire nord-coréenne, doit permettre au président d'accentuer la pression sur Kim Jong-il. Avec un message de fermeté qui laisse la porte entrouverte à un dialogue sous condition.
Les États-Unis sont prêts à négocier avec le dictateur, mais seulement s'il met son arsenal atomique sur la table, dira en substance Obama, au côté du président sud-coréen Lee Myung-bak qu'il rencontre aujourd'hui. Un avertissement qui précède l'envoi de Stephen Bosworth, l'émissaire du président, qui doit sonder les intentions du royaume ermite dans les prochaines semaines.
Séoul défend une ligne dure
Après avoir déclenché un nouveau bras de fer en conduisant un essai atomique en mai, Kim Jong-il joue l'apaisement depuis le mois d'août et la visite de Bill Clinton à Pyongyang. Un changement de ton qui rappelle la stratégie utilisée face à George Bush en 2007, lorsque Pyongyang avait obtenu des gages politiques et économiques en échange de promesses de dénucléarisation. Un accord que le dictateur a ensuite remis en cause, relançant au printemps le site nucléaire de Yongbyon à des fins militaires. C'est ce scénario en forme de piège que l'Administration démocrate veut éviter à tout prix et qui explique sa prudence face aux appels répétés de Kim Jong-il en faveur de négociations bilatérales. « Il faut rendre le processus de dénucléarisation irréversible pour empêcher la Corée du Nord de nous ramener à la case départ », explique un conseiller du président Lee Myung-bak qui serre les rangs auprès de l'allié américain.
Séoul, partisan d'une ligne dure, a démontré le 10 novembre sa détermination en répondant par le feu aux provocations de la marine communiste, lors du premier affrontement naval avec le Nord depuis sept ans. Alors que les stratèges américains craignaient des représailles qui risquaient de gâcher la visite présidentielle, Pyongyang a calmé le jeu ces derniers jours en promettant de travailler à un rapprochement avec le Sud. Une ouverture inattendue qui confirme la volonté de Kim Jong-il d'arracher des négociations de haut niveau avec Washington, à l'heure où les sanctions internationales accentuent son isolement, estiment les experts. En position de force, Barack Obama exige d'abord la relance des pourparlers à six que l'autocrate avait quittés « définitivement » en avril.
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