Achats, alliances, prêts : la Chine utilise sa puissance financière pour diversifier ses fournisseurs.
La Chine est désormais le premier opérateur étranger dans le secteur pétrolier en Irak, pays détenteur des troisièmes réserves mondiales. Dans l'ancienne Mésopotamie, dont l'or noir fut historiquement la chasse gardée des Britanniques, la mainmise des ressources pétrolières par l'empire du Milieu a valeur de symbole.
La compagnie chinoise CNPC a signé la semaine dernière un accord définitif pour exploiter le plus grand champ du pays, Roumaila, dans le sud, dont les réserves sont estimées à 17,7 milliards de barils. La CNPC s'est associée au sein d'un consortium international au britannique BP et au gouvernement irakien. En Irak, les autres compagnies chinoises, la Cnooc, la Sinochem et la Sinopec, ont aussi joué la carte des alliances internationales pour répondre aux appels d'offres. Une stratégie qui contraste avec la politique d'acquisition tous azimuts qui s'est poursuivie ces derniers mois. Pékin avait dû renoncer en 2005 à l'achat de l'américain Unocal devant la levée de boucliers politiques à Washington, mais depuis, les sociétés chinoises, toutes aux mains de l'État, ont multiplié les prises de contrôle dans le secteur pétrolier. En Irak, Sinopec a acheté en juin la compagnie internationale Addax, présente au Kurdistan, pour 7,2 milliards de dollars (5,27 milliards d'euros). Cet été, Sinochem s'est offert le britannique Emerald Energy pour 619 millions d'euros.
La diversification des fournisseurs
Deuxième pays consommateur de pétrole derrière les États-Unis, la Chine devrait engloutir l'an prochain 8,2 millions de barils par jour. Elle importe la moitié de sa consommation. « Sa grande préoccupation est l'accès aux ressources, résume Jean-Pierre Favennec, directeur expert à l'Institut français du pétrole (IFP). À la différence des autres pays d'Asie, la Chine diversifie ses sources, au-delà du Moyen-Orient. » Derrière l'Arabie saoudite et l'Iran, l'Angola est cette année le troisième fournisseur de la Chine, et le Soudan le sixième.
« Si la Chine investit massivement en Afrique, elle n'y contrôle pas encore de production importante », poursuit Jean-Pierre Favennec. Soit parce qu'elle en est au stade de l'exploration, soit parce qu'elle se contente d'importer.
La diversification des fournisseurs de l'empire du Milieu passe aussi par l'Amérique. PetroChina (filiale de la CNPC) a ainsi acquis en septembre au Canada 60 % de deux champs de sables bitumineux (pétrole de médiocre qualité que la technique et les cours permettent désormais d'exploiter).
Forte de ses colossales réserves de change de 2 000 milliards de dollars, la Chine joue aussi les banquiers pour décrocher des contrats pétroliers. Elle a ainsi prêté 25 milliards de dollars aux russes Rosneft et Transneft en échange de la livraison de 300 000 barils par jour de brut de Sibérie sur vingt ans. La même tactique a prévalu au Venezuela, en Angola et au Kazakhstan.
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