Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, lundi 2 novembre, avoir vendu 200 tonnes d'or à la Banque centrale indienne entre le 19 et le 30 octobre. La vente a été conduite chaque jour au prix du marché. Le prix moyen de ces transactions s'est élevé à 1 045 dollars l'once, proche du record en dollars courants de 1 070,80 dollars atteint le 12 octobre. Le prix payé par la Banque d'Inde est de 6,7 milliards de dollars (4,5 milliards d'euros).
Jusque-là, celle-ci détenait dans ses réserves 357,7 tonnes d'or, ce qui la classait au quinzième rang mondial des institutions détentrices du métal précieux. Après cette transaction, elle remonte au dixième rang, derrière la Chine (602,1 tonnes en juin 2009) et devant la Banque centrale européenne (536,9 tonnes).
Cette vente est la première tranche de la cession de 403,3 tonnes d'or sur un stock total de 3 217 tonnes décidée par le conseil d'administration du FMI, le 18 septembre.
Dominique Strauss-Kahn, le directeur général, a estimé qu'elle " était une étape importante en vue des objectifs de vente d'or encadrée du FMI, qui sont de contribuer à asseoir les finances du Fonds sur une base solide et à long terme, et de nous permettre d'augmenter les prêts concessionnels aux pays pauvres qui en ont grand besoin ".
Le produit de la cession de ces 403,3 tonnes d'or doit être utilisé d'abord pour modifier le modèle économique du Fonds. Une grande partie de cet argent sera investie dans des titres dont les revenus abonderont le budget du FMI. Cette réorientation avait été suggérée en janvier 2007 par le rapport Crockett pour stopper la montée des déficits. En effet, traumatisés par les sacrifices imposés par le FMI comme conditions à l'octroi de ses prêts, les pays émergents s'étaient évertués depuis le milieu de la décennie à rembourser leurs dettes de façon anticipée, ce qui avait fait basculer dans le rouge les comptes du Fonds, jusqu'à ce que la crise mondiale les oblige à nouveau à recourir à ses prêts.
Moraliser les recettes
Cette vente a aussi pour objectif de moraliser les recettes du FMI. Celui-ci vivait essentiellement des intérêts des prêts qu'il consentait aux pays en difficulté, ce qui était paradoxal pour une institution chargée de les aider à redresser leurs comptes. D'autre part, la plus-value réalisée par le FMI servira à financer le plan décidé en juillet au profit des pays pauvres qui se verront accorder 17 milliards de dollars de nouveaux prêts d'ici à 2014 et dont les prêts en cours seront dispensés d'intérêts jusqu'à la fin 2011.
Les 203,3 tonnes d'or qui restent à écouler le seront soit directement au prix du marché, si la vente est effectuée au profit d'une banque centrale ou d'une institution publique, soit sur le marché, mais en en informant au préalable le public, et en respectant le quota des banques centrales qui se sont entendues, le 27 septembre, sur un maximum de 400 tonnes par an. Ces précautions et l'appétit des spéculateurs pour l'or devraient éviter une chute du cours.
Alain Faujas
© 2009 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire