Les grandes manoeuvres sont en cours pour la succession politique chinoise, tant dans la perspective de 2012... que de 2022. Depuis quelques mois déjà, on a vu le président Hu Jintao changer nombre de cadres et de gouverneurs de province, pour mettre des gens à lui et faire de même avec la promotion de généraux au sein de l'Armée populaire de libération (APL). Et le processus s'est accéléré ces derniers temps, avec notamment de nouvelles nominations de cadres à la tête du Parti en province.
Les spéculations sur ces mouvements au sein des cercles opaques du pouvoir chinois restent un exercice incertain, qui fait penser à la kremlinologie des grandes années soviétiques. Mais, au-delà des supputations sur les personnes et les postes, il est intéressant de discerner deux éléments importants de la nouvelle donne : la génération au pouvoir, celle du président Hu Jintao, n'a pas la même légitimité historique que celle de ses prédécesseurs pour se désigner des successeurs. Et, derrière cette génération, en arrive une nouvelle, la « sixième », née après 1949, et qui n'a grandi ou presque que dans la Chine des réformes.
Pour 2012, d'abord, la non-nomination, à la surprise de beaucoup d'observateurs, du vice-président Xi Jinping au poste-clé de vice-président de la puissante Commission militaire centrale du Parti lors du plénum de septembre ne veut bien sûr pas dire qu'il n'est plus dans la course. Cette promotion était vue comme une règle non écrite de progression vers le pouvoir suprême et avait valeur d'adoubement comme héritier désigné du président en place. Xi Jinping, protégé de Jiang Zemin, paraît toujours le successeur naturel de Hu Jintao. Comme Li Keqiang, actuel vice-premier ministre, est toujours donné favori pour remplacer le premier ministre Wen Jiabao.
On fait cependant remarquer l'activisme de deux personnalités charismatiques, Bo Xilai, patron du PC de l'immense Chongqing, et Wang Yang, patron du PC du Guangdong, qui pourraient estimer que les jeux ne sont pas définitivement faits... Xi Jinping pourrait être nommé au plénum de printemps. Et ce petit délai peut s'expliquer par des joutes musclées entre différents clans comme être le reflet de cette faiblesse de légitimité historique de l'équipe en place, qui oblige à une recherche accrue du compromis, du consensus. Qui plus est, avec la gestion de la relance économique, il a peut-être été jugé inutile de s'épuiser en discussions sur le sujet, alors que les priorités sont ailleurs.
Mais Hu Jintao verrait un coup plus loin... en 2022. Tout récemment, certains titres de la presse chinoise ont fait grand cas de la nomination de deux jeunes chefs du Parti au niveau provincial. Les « plus jeunes de l'histoire », selon le Global Times, puisque tous deux âgés de 46 ans. Hu Chunhua, ancien gouverneur du Hebei a été nommé patron du Parti en Mongolie intérieure et Sun Zhengcai, ancien ministre de l'Agriculture, chef du PC dans la province de Jilin. Hu Chunhua a suivi le même parcours que Hu Jintao, avec de hautes fonctions occupées à la Ligue de la jeunesse communiste et au Tibet, où il a passé vingt ans. De nombreux commentateurs en Asie estiment qu'il est bien positionné pour accéder au plus haut niveau, être le président chinois de 2022, puisque Xi Jinping devrait aussi faire deux mandats... Les observateurs font aussi remarquer que les deux hommes ont dû faire leurs preuves dans des régions et fonctions difficiles. Et qu'ils ne sont pas issus des grandes familles communistes, mais de milieux simples et paysans. Pas de « sang bleu », donc.
PHOTO - Getty Images - SEOUL, SOUTH KOREA - DECEMBER 17: Chinese Vice President Xi Jinping attend during a state dinner with South Korean Prime Minister on December 17, 2009 in Seoul, South Korea. China and South Korea met to discuss economic exchanges and to strengthen bilateral relationships in trade, culture and diplomacy.© 2009 Le Figaro. Tous droits réservés.
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