Les négociations entre les sidérurgistes chinois et les producteurs vont commencer avant la fin de l'année. Baosteel retrouve son rôle de leader chinois des discussions. La hausse des prix est anticipée à 20 % ou plus.
Ils avaient claqué la porte en juin. Ils s'apprêtent aujourd'hui à renouer les contacts. Les sidérurgistes chinois, qui l'an passé avaient tenté d'obtenir -sans succès -de leurs fournisseurs une baisse de 45 % des prix contractuels du minerai de fer, tournent la page. Les traditionnelles négociations annuelles entre les grands producteurs de minerai de fer et les entreprises sidérurgiques chinoises en vue de la fixation des prix de la matière première principale de l'acier sont en passe de reprendre. Les premières réunions seraient fixées avant la fin décembre. Des accords pourraient intervenir rapidement, juge Citigroup.
A la différence des discussions de 2008-2009, la délicate mission n'est plus confiée à la Cisa (China Iron and Steel Association), l'organe de la profession, mais directement au leader national du secteur, Baosteel. L'incapacité de la Cisa à imposer ses vues en 2009 a certainement incité les sidérurgistes de l'empire du Milieu à revenir au schéma qui avait fait ses preuves depuis 2003, avec Bao steel en pointe. L'arrestation, début juillet, de quatre représentants de Rio Tinto à Shanghai, dont le principal négociateur du minerai de fer, Stern Hu, n'a pas empêché le trio de tête de cette ressource minérale (Vale, Rio Tinto et BHP Billiton) de limiter la baisse des prix à 25-33 % selon les produits.
L'option de se servir sur le marché au comptant s'est révélée catastrophique pour les acheteurs chinois. Aujourd'hui, le prix spot du minerai de fer dépasse les 100 dollars la tonne sur le marché intérieur du pays, un montant sensiblement supérieur aux prix contractuels rejetés en juin par la Cisa.
Un lent redressement
Les producteurs du minerai de fer ont profité pleinement de l'essor des importations chinoises. Rien qu'en novembre, celles-ci ont bondi de 12,3 % par rapport à octobre, en atteignant les 51,1 millions de tonnes. En septembre, les achats de minerai étranger avaient culminé au volume record de 64,6 millions de tonnes. Sur l'ensemble de 2009, les importations chinoises de minerai de fer devraient s'élever à 571 millions de tonnes, indique le ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information (Miti). Si cette prévision s'avérait, elle traduirait une augmentation de près de 29 % eu égard des 443,7 millions de tonnes acquises à l'étranger en 2008.
La dépendance de la Chine du minerai de fer importé a fortement progressé cette année. Début décembre, le président de Baosteel, Xu Lejiang, l'a chiffrée à près de 70 % du total du minerai de fer utilisé par les aciéries chinoises, contre environ 50 % un an plus tôt. Leaders incontestés de l'acier mondial, les chinois viennent de relever les prix de leurs prochaines livraisons en janvier. C'est le cas de Baogang, qui a opéré des hausses comprises entre 5 et 10 %, suivant les produits. Deutsche Bank juge que cette décision confirme son scénario en 2010 fondé sur une progression de la demande réelle d'acier supérieure à la croissance de l'offre. Cette vision optimiste n'est cependant pas partagée par tout le monde. L'OCDE, qui reconnaît l'existence d'un lent redressement du marché mondial de l'acier, considère que les capacités de production dépasseront largement la demande.
Conditions de marché robustes
Quoi qu'il en soit, la tendance haussière du minerai de fer reste en place en dépit de la récente consolidation des prix, affirment les analystes graphiques chez Credit Suisse. Les investisseurs tablent sur un renchérissement des prix contractuels annuels pour les livraisons à compter du 1er avril 2010 de l'ordre de 20 à 25 %. Peter Fish, chez MEPS International, fait sienne cette prédiction, indiquant que, en 2010, la production globale de fer dépassera celle record de 2007.
« Les conditions de marché devraient rester robustes en 2010 avec une demande des pays de l'OCDE en hausse et une offre modeste de nouveaux produits sidérurgiques à bas coûts »,avancent les experts chez Citigroup. Selon plusieurs sources, les sidérurgistes chinois vont essayer de limiter la hausse des prix contractuels à 10 %, comme en 2007, quand Baosteel avait arraché ce résultat à Vale. Une tentative qui, dans le contexte actuel, a peu de chances de réussir.
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