jeudi 31 décembre 2009

La Chine espère populariser le yuan au sein de l'Asean - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20584 - International, jeudi, 31 décembre 2009, p. 8

Critiquant ouvertement l'hégémonie du dollar, la Chine espère que le nouvel accord de libre-échange favorisera la régionalisation de sa monnaie.

Si le gouvernement chinois voit dans le lancement de la zone de libre-échange avec l'Asean une occasion pour ses entreprises de doper leurs exportations vers les pays de la région, il espère également que ces échanges croissants de marchandises, pour l'instant libellés en dollars, seront dans les années qui viennent de plus en plus souvent facturés en yuans. Contestant publiquement depuis le début de 2008 l'hégémonie du billet vert dans le commerce international, Pékin multiplie depuis quelques mois les initiatives pour populariser dans l'Asie proche l'utilisation de sa devise comme monnaie de référence. « Le nouvel accord de libre-échange va accélérer ce processus de régionalisation », expliquait, il y a quelques jours, Xu Ningning, le secrétaire général du Conseil économique Chine-Asean.

Programmes pilotes

Vantant la solidité et la stabilité de sa monnaie, dont le cours est déterminé, chaque matin, par les autorités, Pékin cherche à convaincre les pays de l'Asean de négocier des accords de coopération globaux permettant des échanges commerciaux en yuans. Seuls le Laos et le Vietnam ont pour l'instant accepté ce projet, qui couvre pour l'essentiel de maigres échanges réalisés aux frontières.

Pour familiariser ses entreprises et leurs partenaires asiatiques à l'utilisation du yuan, Pékin a lancé, cette année, plusieurs programmes pilotes de règlement de transactions commerciales internationales dans la devise chinoise. Se montrant extrêmement prudentes, les autorités n'ont autorisé pour l'instant que 365 entreprises établies dans la province industrielle du Guang dong et dans la région de Shanghai à travailler directement en yuans avec des groupes basés à Hong Kong et Macao, qui utilisent des devises différentes, mais également avec certaines sociétés de l'Asean. Un projet similaire a été proposé aux exportateurs du Guangxi et du Yunnan, mais il n'a pas non plus généré de véritable explosion des échanges en yuans avec des clients étrangers. Ils ne voient, pour le moment, pas d'intérêt à remplacer le dollar par une monnaie non convertible dont le cours est arrimé au billet vert.

© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.

Bookmark and Share

0 commentaires: