Incapable de trancher entre partisans d'une poursuite aveugle de la relance et défenseurs d'un gel des investissements, le gouvernement a promis de conduire en 2010 une politique monétaire et budgétaire « stable » mais « flexible ».
Le débat fait toujours rage dans les coulisses du pouvoir chinois. Réunis pendant trois jours, jusqu'à hier matin, à Pékin pour définir les grands axes de la poli tique économique de 2010, les plus hautes autorités du pays ont diffusé, à l'issue de leur rencontre, un communiqué alambiqué qui cache mal les divergences opposant les différents courants. Refusant de trancher entre partisans d'une poursuite aveugle de la relance et défenseurs d'un gel rapide de la dépense publique, le gouvernement a finalement promis de mener l'an prochain une politique monétaire et budgétaire « stable » mais « flexible ».
Pékin a expliqué qu'il prévoyait de maintenir « une poli tique monétaire modérément souple et une politique budgétaire active ». Les financements publics de chantiers d'infrastructure devraient donc être distribués avec toujours autant de générosité l'an prochain. Et les prêts bancaires consentis par des banques d'Etat, qui ont déjà atteint 8.950 milliards de yuans (1300 milliards de dollars) sur les dix premiers mois de 2009, ne devraient pas se tarir, car, estime Pékin, ces flux d'investissement ont, à eux seuls, permis de maintenir l'activité dans le pays et de sauver la croissance, attendue à 8,3 % cette année.
Crises de surcapacité
Mais, pour le gouvernement, ce mode de développement doit être revu. « Davantage d'efforts doivent être faits pour accélérer la restructuration de l'économie, ainsi que pour améliorer la flexibilité de la politique économique », explique le pouvoir, qui s'inquiète de l'envolée artificielle des investissements dans de nombreux secteurs industriels. Excités par la demande publique, et notamment par les programmes de construction, les producteurs d'acier, d'aluminium ou de ciment ont massivement investi dans des unités de production qui pourraient se retrouver peu rentables lorsque le plan de relance s'épuisera et qui risquent de remettre en question la capacité des industriels à rembourser leurs prêts. Au moins 21 grands secteurs industriels du pays font déjà face à des crises de surcapacité, s'alarmait, hier, Zhang Tao, un chercheur de l'Académie des sciences sociales. Cherchant toujours à générer une demande interne, le gouvernement a indiqué, hier, qu'il allait encore tenter d'encourager, en 2010, la consommation domestique en accélérant l'urbanisation.
YANN ROUSSEAU
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