Inquiet du vieillissement rapide de sa population, le gouvernement tente de mettre en place un système plus juste et plus vaste. Les travailleurs migrants pourront dorénavant transférer leurs droits d'une région à l'autre.
Si la Chine va atteindre, sur l'ensemble de 2009, une croissance supérieure à 8 % (voir ci-dessus), elle commence publiquement à reconnaître que cette impressionnante statistique cache mal les graves déséquilibres qui pèsent sur la qualité de son développement, et notamment la trop grande timidité de ses consommateurs locaux, pétrifiés par l'absence de système de protection sociale. Hier, le gouvernement a indiqué qu'après avoir tenté, il y a quelques mois, d'amorcer une réforme de la Sécurité sociale, il allait encourager la constitution d'un système de retraite plus juste pour accompagner le rapide vieillissement de sa population.
Dangereuses projections
Actuellement, la Chine compte 6 actifs pour chaque retraité mais ce ratio devrait, du fait de l'application depuis 1979 de la politique de l'enfant unique, tomber à 2 travailleurs pour 1 retraité entre 2030 et 2050. Reconnaissant ces dangereuses projections, Pékin cherche à mettre en place un système de retraite capable de couvrir rapidement tous les travailleurs du pays. Les études locales estiment en effet qu'à peine 30 % de la population est actuellement couvert quand la grande majorité des travailleurs doit, elle, dépendre de ses économies ou de la solidarité familiale pour financer ses vieux jours.
Multipliant les annonces, le gouvernement a évoqué cette semaine une réforme d'une loi de 2000 qui empêchait les salariés ayant cotisé pendant moins de quinze ans de toucher une retraite régulière et ne les autorisaient à percevoir qu'une aide sous forme de paiement unique. Désormais, ces retraités pourront continuer de cotiser et toucheront des pensions complètes.
S'ils saluent ce geste qui bénéficiera à près de 10 millions de personnes, les experts pointaient hier l'impact potentiel beaucoup plus considérable du transfert des droits promis par le gouvernement. Faute de système universel, les centaines de millions de travailleurs migrants, ayant quitté leurs campagnes pour trouver un emploi sur les chantiers et dans les usines, doivent, lorsqu'ils ont la chance d'avoir un contrat légal, cotiser au système de retraite de la ville dans laquelle ils travaillent. Mais n'étant pas considérés comme des citoyens à part entière, ils ne peuvent prétendre à récupérer l'intégralité de ces droits lorsqu'ils changent de ville. Ils ne peuvent pour l'instant emporter que le montant correspondant à leurs cotisations mais doivent abandonner la part versée par leurs entreprises. Dorénavant, promet le gouvernement, ils pourront transférer l'intégralité de leurs droits et jouir à terme d'une retraite pleine.
YANN ROUSSEAU
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