jeudi 24 décembre 2009

Regain de confiance des économistes pour la croissance chinoise en 2010

Les Echos, no. 20580 - International, jeudi, 24 décembre 2009, p. 6

Alors que la production industrielle reprend vivement en Chine, les économistes s'attendent à une croissance supérieure aux prévisions du gouvernement pour l'année prochaine.

Entre plan de soutien, reprise des exportations et augmentation de la consommation interne, la Chine devrait connaître une croissance 2010 supérieure aux 8 % attendus par Pékin, estiment les économistes. Dès octobre 2009, la production industrielle avait accéléré, s'établissant à 16,1 % en rythme annuel. Pour Citic Securities Co., l'un des plus grands brokers chinois, celle-ci pourrait même dépasser 12 % si aucune mesure n'est prise pour freiner la tendance. La plupart des autres économistes estiment aussi que la croissance dépassera la prévision du gouvernement. Ainsi, Calyon attend une croissance de 9 % et le panel interrogé par Bloomberg News attend en moyenne 9,3 %.

Cette croissance robuste devra cependant être accompagnée d'une politique économique et monétaire soigneusement balancée. La Chine se trouve en effet confrontée à la mutation entre une activité entièrement tournée vers l'exportation et une politique de soutien et de développement de la demande interne, en particulier de la demande privée. Dans le même temps, elle se trouve confrontée à une reprise de l'inflation et à une bulle sur les actifs boursiers et immobiliers. Sans oublier la pression de ses partenaires commerciaux pour qu'elle laisse sa monnaie s'apprécier. Le pilotage va donc s'avérer délicat.

Resserrement du crédit attendu

La bulle immobilière et boursière - l'indice de la Bourse de Shanghai a gagné 69 % cette année -a déjà incité les autorités à ralentir la croissance du crédit. La Banque de Chine a aussi annoncé qu'elle voulait surveiller les risques prudentiels des banques chinoises. Car, si celles-ci ont échappé à la crise de 2008, la forte augmentation des crédits en 2009 - leur volume a atteint 9.200 milliards de yuan (environ 1.000 milliards d'euros) sur les onze premiers mois de l'année, soit une croissance supérieure à 30 % en rythme annuel -les a très probablement fragilisées davantage qu'on ne le soupçonne, comme l'a récemment souligné l'agence Fitch. Certes, la banque de Chine est déjà parvenue à freiner la croissance du crédit depuis le mois de juillet. Elle veut encore resserrer le contrôle pour éviter que des crédits ne soient accordés à des industries trop gourmandes en énergie ou polluantes. Mais hier, elle a déclaré qu'elle voulait en outre « gérer la croissance de la masse monétaire et des crédits, et guider les institutions financières afin qu'elles prêtent de manière équilibrée et évitent une excessive volatilité ». Au total, les économistes s'attendent à un resserrement du crédit qui pourrait s'établir autour de 54 points de base, selon le sondage de Bloomberg.

Après avoir fait la sourde oreille pendant toute l'année 2009, le gouvernement chinois pourrait aussi se laisser fléchir par les demandes américaines et européennes et accepter une revalorisation modérée du yuan, estime Calyon. Cela permettrait en effet au pays de mieux gérer les entrées de capitaux étrangers, très fortes en raison des performances de l'économie chinoise, qui créent de fortes pressions inflationnistes importées.

MARIE-LAURE CITTANOVA

PHOTO - ZHENGZHOU, CHINA - DECEMBER 22: Workers celebrate the compeletion of the first tunnel across the Yellow River on December 22, 2009 in Zhengzhou, China. The tunnel's completion marks a breakthrough in the central line of China's gigantic South-north Water Diversion Project.

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