Hier, le Premier ministre a minimisé certaines critiques sur l'attitude de Pékin à Copenhague. Douze gros contrats ont été signés.
Copenhague ne vaut pas une brouille. Surtout pas avec la puissante Chine populaire. En visite pour trois jours à Pékin, François Fillon s'est abstenu de toute allusion à une responsabilité supposée de ses hôtes dans l'échec de la conférence sur le climat. Son homologue chinois, Wen Jiabao, qui le recevait hier était très vraisemblablement informé des propos tenus la veille au Journal du dimanche par Chantal Jouanno.
A en croire la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, le rendez-vous de Copenhague a été gâché en raison de l'«attitude totalement fermée de la Chine et de l'Inde». Devant un parterre de chefs d'entreprise chinois et français, le Premier ministre a corrigé le tir : «Bien sûr, la France comme l'Union européenne aurait souhaité que l'accord de Copenhague aille plus loin. Mais il y a un accord», a-t-il fait remarquer, ajoutant qu'il fallait y voir «une étape essentielle sur laquelle il nous faut désormais bâtir». Plusieurs élus de la majorité présents à Pékin ont sévèrement critiqué Jouanno. «On n'a pas de leçon à donner aux Chinois», a par exemple déclaré le député centriste Maurice Leroy. Pour l'UMP Jean-Paul Anciaux, il convient de «trouver un équilibre entre Copenhague et le business», et ce n'est pas lui qui reprochera aux Chinois de ne pas avoir «sacrifié le business».
Charme. Sous l'escorte d'une importante délégation de ministres et de chefs d'entreprise, Fillon est à Pékin en mission de réconciliation. Depuis le coup de froid du printemps 2008, quand Paris avait eu l'audace de prétendre lier sa participation aux JO de Pékin à une «reprise du dialogue» sur la question tibétaine, la France est ostensiblement boudée par la locomotive économique de la planète. Pour raccrocher ses wagons, Fillon s'est fait accompagner par le gratin du patronat : Anne Lauvergeon (Areva), Henri Proglio (EDF), Louis Gallois (EADS), Christophe de Margerie (Total). Et, comme pour montrer qu'elle n'était pas insensible à cette offensive de charme, la République populaire lui a réservé un accueil plutôt haut de gamme, ponctué de rendez-vous avec les principaux dirigeants chinois, notamment le Premier ministre Wen Jiabao et le président de la République, Hu Jintao.
Pour Fillon, il n'était évidemment pas question de brouiller ce voyage d'affaires avec la question des droits de l'homme. Les diplomates de Matignon justifient ce silence, faisant valoir que ce problème est traité au «niveau européen» et qu'il n'y aurait donc pas lieu d'y revenir dans le cadre d'échanges bilatéraux.
Cursus. Parmi les douze contrats signés hier soir, les plus importants étaient, aux yeux de Fillon, les accords touchant à la coopération dans le nucléaire. Alors que le chantier du premier EPR chinois - réacteur de 3e génération - a démarré le mois dernier à Taishan (sud-est de la Chine), Paris et Pékin sont convenus de créer un cursus de formation d'ingénieurs nucléaires «à la française». Le nucléaire ? «Le meilleur moyen de concilier la croissance économique et la lutte contre le réchauffement climatique», s'est enthousiasmé Fillon. Le vice-Premier ministre chinois, Li Keqiang, lui a donné raison. Tout en rappelant que la Chine, «pays en développement», n'a pas l'intention de renoncer à la croissance forte dont elle a besoin, il a indiqué qu'elle prenait l'engagement «d'accélérer le réajustement de sa structure énergétique». Grâce au nucléaire.
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