Matthias Wissmann, président de la Fédération de l'industrie automobile allemande (VDA)
Après une année 2009 meilleure que prévu et 2010 qui s'annonce en fort repli, quels débouchés s'offrent hors d'Europe aux constructeurs allemands ?
Les marchés asiatiques croissent à un rythme impressionnant. Les ventes ont augmenté de deux tiers en Inde au mois de novembre. Dans ce pays, Audi, BMW, Daimler et Volkswagen ont inauguré des usines dans les deux dernières années, ce qui porte à 65 le nombre de sites exploités par des constructeurs et équipementiers allemands. La Chine va boucler l'année en progression de 40 %. Là-bas, presque un véhicule sur cinq est d'origine allemande. Aux Etats-Unis, avec 10 millions de voitures vendues en 2009, on reste très éloigné du niveau moyen de 15 millions ces dernières années. Dans ce contexte sinistré, les constructeurs allemands ont amélioré d'un point leur part de marché, à 7,3 %. Nous voulons encore progresser en 2010 avec l'introduction de modèles à faibles émissions de CO2 et des motorisations hybrides ou au diesel propre, qui rencontrent un succès grandissant auprès des automobilistes américains.
La concurrence venue d'Asie pose-t-elle de nouveaux défis à l'industrie européenne, allemande notamment ?
Si le groupe chinois BAIC rachète Saab à General Motors, et qu'une autre entreprise chinoise s'empare de Volvo, filiale du groupe Ford, alors ce sera le signal d'un déplacement des centres de gravité du marché mondial de l'automobile. Personne ne peut se reposer sur l'existant. L'industrie allemande peut précisément renforcer sa présence à l'international car le rythme de ses innovations est élevé. Ses dépenses en recherche ont augmenté de 4,4 % cette année malgré la crise, pour atteindre 20,9 milliards d'euros.
La voiture électrique sera bientôt mûre pour le stade industriel. Comment l'Allemagne, réputée pour ses grosses berlines gourmandes en carburant, s'investit-elle dans ce domaine ?
L'industrie automobile allemande investit massivement dans le développement de motorisations hybrides de différentes capacités, jusqu'au véhicule 100 % électrique. La première berline de série de classe supérieure équipée d'une batterie lithium-ion vient d'Allemagne. Nous avons convenu, les Français aussi du reste, de jouer un rôle de précurseur dans le développement de ce type de propulsion. Nous tablons sur un million de véhicules électriques en circulation en Allemagne à l'horizon 2020. Mais si l'on rapporte ce chiffre aux 40 millions d'automobiles qui sillonnent nos routes, on voit que le moteur classique à combustion, dont nos entreprises continuent d'améliorer l'efficacité, va encore jouer pour longtemps un rôle majeur.
PROPOS RECUEILLIS PAR J.-PH. L.
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