Un activiste américain d'origine coréenne est entré clandestinement en Corée du Nord afin d'attirer l'attention sur les souffrances de la population. A l'aube, le 25 décembre, Robert Park, âgé de 28 ans, a franchi le fleuve Tumen, gelé en cette saison, qui marque la frontière entre la Chine et la République populaire démocratique de Corée (RPDC). A proximité de l'autre rive, il a lancé : " Je suis un citoyen américain. Je vous apporte l'amour de Dieu ", et il a disparu dans la nuit, ont raconté à leur retour à Séoul des militants qui l'avaient accompagné. Il a franchi le fleuve dans une région peu surveillée, non loin de la ville frontalière de Hoeryong.
Avant son départ, Robert Park, un fervent chrétien, avait envoyé à différents journaux et à des agences de presse la copie d'un message adressé à " Kim Jong-il et aux dirigeants nord-coréens " qu'il a emporté avec lui et dans lequel il explique son action. " Je proclame l'amour du Christ et le pardon pour tous (...). Ouvrez vos frontières afin que nous puissions apporter nourriture, médicaments et assistance à ceux qui luttent pour leur survie. Fermez les camps de concentration et libérez les prisonniers politiques... "
Selon les services de renseignement sud-coréens, en 2009, la RPDC détient 154 000 prisonniers politiques dans six camps de travail. Le dernier rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur la situation dans ce pays fait état de " violations patentes qui appellent d'urgence l'attention internationale ". Les organisations humanitaires dénoncent des exécutions publiques et des morts par épuisement dans les camps de travail.
Membres d'une organisation sud-coréenne de défense des droits de l'homme, Pax Koreana, Robert Park avait déclaré la semaine dernière à l'agence Reuters à Séoul qu'il refusait toute intervention en sa faveur : " Je ne veux pas que le président Obama paie pour me faire sortir. Je veux la liberté pour le peuple coréen. Tant que les camps ne sont pas fermés, je ne veux pas être libéré. Si je dois mourir avec les prisonniers, je suis prêt à le faire... En tant que chrétien, je me dois d'aller vers eux, de sacrifier ma vie pour la rédemption des autres. "
Energie militante
Des organisations religieuses sud-coréennes ont fait de l'évangélisation de la RPDC une mission à laquelle elles consacrent une énergie militante. La Corée du Sud, pays le plus chrétien d'Asie après les Philippines, fait preuve d'un prosélytisme qui la place juste derrière pour l'envoi de missionnaires à l'étranger. En 2007, une vingtaine de volontaires humanitaires sud-coréens avaient été capturés en Afghanistan. Deux ont été tués.
Les églises protestantes sud-coréennes sont particulièrement actives à la frontière sino-nord-coréenne. Elles cherchent par la conversion de migrants auxquels elles viennent en aide à faire renaître la foi en RPDC en constituant des réseaux clandestins. La constitution nord-coréenne reconnaît la liberté de culte (il existe à Pyongyang deux temples protestants, une église catholique et une église orthodoxe). Mais les chrétiens, officiellement au nombre de 13 000, restent très surveillés. Les convertis par les missions protestantes à la frontière, considérés comme des espions par le régime, risquent de lourdes peines lorsqu'ils sont pris.
Philippe Pons (Tokyo, correspondant)
© 2009 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire