Une " guerre froide " sur le marché des changes s'installe-t-elle entre les Etats-Unis et la Chine ? Pour Antoine Brunet, économiste et président d'AB Marchés, cela ne fait pas de doute : " une partie de ping-pong " s'est jouée entre les deux pays en 2009 et se prolongera en 2010.
Les offensives ont commencé dès janvier. Timothy Geithner, nouveau secrétaire au Trésor, avait alors expliqué que " le président Obama - conforté par les conclusions de nombreux économistes - pense que la Chine manipule sa monnaie ". Le yuan était soupçonné d'être sous-évalué par Pékin pour doper les exportations chinoises. En guise de riposte, la Chine a publiquement mis en cause la suprématie du dollar comme monnaie de réserve et d'échanges commerciaux de référence.
Une victime : l'euro
Chacun semble suffisamment dépendant de l'autre pour que la guerre reste larvée. " Le chantage est complexe entre les deux pays ", souligne l'économiste Philippe Brossard. La croissance chinoise est tributaire de ses exportations vers les Etats-Unis. En retour, le déficit américain est financé en grande partie par la Chine, son plus gros acheteur d'emprunts d'Etat.
L'année 2009 a bien fait une victime monétaire : l'euro. La monnaie unique n'a cessé de s'apprécier face aux autres devises, notamment face au billet vert.
En octobre, l'euro a même atteint un sommet de 1,50 dollar, suscitant les inquiétudes de chefs d'Etat et les rappels à l'ordre du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui a indiqué que le dollar fort était " dans l'intérêt des Etats-Unis et de la communauté financière internationale ".
La menace était alors celle d'un effondrement du dollar, les investisseurs, avec l'apaisement de la crise financière, délaissant cette monnaie refuge au profit de devises plus risquées. Aujourd'hui, ce scénario s'est éloigné. En décembre, l'euro est retombé à 1,43 dollar. Les opérateurs ont le sentiment que la reprise aux Etats-Unis pourrait être plus vigoureuse que sur le Vieux Continent. A cela s'ajoutent les inquiétudes concernant la solvabilité de certains pays de la zone euro, comme la Grèce, qui contribuent à affaiblir la monnaie unique. Pour M. Brossard, c'est cette tendance qui devrait s'accentuer en 2010. L'euro pourrait, selon lui, s'échanger à 1,30 dollar en fin d'année et jusqu'à 1,10, voire, 1,05 dollar à plus longue échéance.
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