À Tokyo, le vice-président - et probable futur " numéro un " - chinois, Xi Jinping, vient de bénéficier d'un traitement de faveur : à la demande du gouvernement et malgré le protocole exigeant une requête préalable d'un mois pour une audience avec l'empereur, il a été reçu par le monarque. Il n'a pas vu en revanche son concitoyen Feng Zhenghu, le banni de l'aéroport de Narita. La Chine semble se désintéresser du problème et, pour le Japon, c'est la première fois que se pose un cas pareil.
Les droits de l'homme n'ont jamais été le " cheval de bataille " de la diplomatie japonaise. Défenseur des valeurs démocratiques, le Japon ne fait pas preuve en la matière d'une grande véhémence.
Son passé expansionniste - et son cortège d'atrocités - ne le place guère en position de " donneur de leçons ". Le réalisme politique le contraint aussi à être accommodant. A la suite de la défaite de 1945, le Japon a paru se désintéresser de l'Asie, excepté du point de vue économique. Il se situait dans la continuité de la pensée des réformistes de l'ère Meiji (deuxième partie du XIXe siècle) pour lesquels la modernisation de l'Archipel supposait de " s'arracher de l'Asie " et d'épouser les méthodes de l'Occident, en l'occurrence l'Europe. Même si des penseurs japonais, défenseurs des libertés et des droits, dénonçaient le décalage entre les valeurs de l'Occident et son impérialisme.
Voie médiane
L'Archipel retrouva l'Asie au début du XXe siècle sous le slogan d'un panasiatisme qui devint vite une idéologie impérialiste.
Depuis son contact avec l'Occident, le Japon n'a cessé de chercher à se définir par rapport à ce qu'il percevait comme le modèle de référence à la modernité. L'idée est restée si prégnante dans l'Archipel que, dans les années 1990, des tenants d'une plus grande identification du Japon à l'Asie, ont renversé la formule de l'ère Meiji prônant un " retour à l'Asie ". Le gouvernement Hatoyama se situe sur une voie médiane : avoir un pied en Occident et un pied en Asie.
Le Parti démocrate semble plus disposé que son prédécesseur, le Parti libéral-démocrate, qui a régné pendant un demi-siècle sur la vie politique, à rompre avec le négationnisme de la droite et à assumer le lourd héritage de l'avant-guerre afin de devenir la cheville ouvrière d'un " régionalisme ouvert ". La montée en puissance de la Chine contraint Tokyo à se recentrer sur sa région mais aussi à cultiver de bonnes relations avec Pékin - en évitant les sujets qui fâchent.
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