Sous le chapiteau du Phénix, à Paris, « Liya, la fille de l'Empereur », le nouveau spectacle du cirque de Pékin, est époustouflant.
Vous avez déjà vu le cirque de Pékin ? Eh bien, retournez-y ! Comme chaque fois, les numéros qu'il présente en France sont tellement incroyables qu'il faut se pincer pour y croire. Dans les coulisses de ces exploits, il y a un homme : Alain Pacherie, actuel propriétaire de l'appellation « Cirque de Pékin », créée dans les années 1950 par Deng Xiao Ping à l'affût d'une vitrine internationale pour la Chine. À longueur d'année, il ratisse l'empire du Milieu à la recherche de nouveautés : étoiles et numéros à présenter sous son chapiteau du Phénix, une fois tous les deux ans. Ou plutôt il va voir les différents spectacles qui veulent l'éblouir pour être produits en France : on sait, dans toutes les troupes de cirque de Chine qu'une tournée de trois mois en France avec lui est un tremplin international.
Cette fois, Pacherie a déniché sa pépite dans le Yunnan, une région riche encore en musique et costumes traditionnels. Ils servent d'écrin aux numéros, avec plus de solidité que la pseudo-histoire de Liya et de son prétendant qui donne son titre au spectacle.
La troupe compte 40 artistes : 40 prodiges qui font chanter l'immense espace du Phénix, le plus grand chapiteau du monde. Sur la scène nue, ils bâtissent des pagodes de corps superposés avec la plus incroyable liberté, et jouent, comme le veut la tradition, avec les objets du quotidien dans des acrobaties virtuoses. Leurs numéros alternent petits nombres et formation de groupe. Un couple se livre à d'incroyables portés acrobatiques, cinq bols de porcelaine bleue empilés sur le pied. Quatorze filles font tourner chacune huit assiettes au bout de bâtons. Une pyramide d'antipodistes déploie en corolle des petits napperons rouges en travaillant ferme de la cheville. Quatre contorsionnistes s'étirent à l'horizontale en se tenant par la bouche. Une frêle équilibriste tient cinq minutes sur un seul bras. Rien n'est truqué : juste de l'adresse et de la précision.
La danse en héritage
Le programme ménage aussi bon nombre de numéros aériens, manière de revisiter à la chinoise, avec une surenchère dans l'acrobatie, des spécialités plutôt européennes. Un quatuor d'hommes fait merveille aux sangles russes, tandis qu'un couple se lance dans un duo au tissu pour un hommage au cirque français où cette discipline a été inventée. Le clou du spectacle est un numéro complètement inédit : des voltigeurs s'envolent depuis une balançoire posée par terre, traversent un cylindre et aboutissent de l'autre côté de la scène entre les bras d'un porteur pendu à son trapèze ! Un vol de 14 mètres complètement sidérant, encadré par une chorégraphie tellurique, spécialement étudiée pour cette tournée française. Car ces artistes partagent la danse en héritage : les filles ont une grâce de biche, les garçons misent plutôt sur la force.
Bizarrement, ces 40 phénomènes exercent leur art avec une invraisemblable innocence. Alors que les artistes de cirque russe demandent une loge par personne, eux partagent la même, avec juste une frontière pour séparer les filles et les garçons. Ils ne paradent pas comme des stars, le public les effraie. Si les garçons s'enhardissent crânement en cherchant les applaudissements au moment des saluts, les filles, notamment les solistes, s'avancent en rougissant, comme s'il leur semblait plus difficile d'aller saluer devant 5 000 personnes que de réaliser leur invraisemblable exploit.
Pelouse de Reuilly, à Paris, jusqu'au 10 janvier, puis tournée en France, du 15 janvier au 27 mars. Loc. : 08-25-03-90-40.
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