Le groupe coréen multiplie les lancements. L'objectif : réagir le plus vite et le plus précisément possible à la demande de chaque marché.
Derrière les baies vitrées de la tour abritant le siège social de Hyundai, à Séoul, la vue est impressionnante. Les larges artères de cette mégalopole, où l'on pourrait tourner un remake de Blade Runner, sont sillonnées aux trois quarts par des autos sorties des usines du groupe Hyundai-Kia. Les Daewoo, Samsung et Ssangyong forment tant bien que mal le reste du parc. Les voitures étrangères sont rares, car elles sont ici terriblement taxées.
Fort de sa position sur son marché national, Hyundai peut se déployer hardiment à l'international. Chine en 2008, République tchèque en 2009 et 2010, Russie en 2011, deux Hyundai sur trois sont désormais produites hors de Corée.
Mais si la firme a acquis, en moins de deux décennies, une réputation de sérieux, son image de fabricant de voitures économiques lui colle encore à la peau. Et il ne peut plus se contenter de produire des modèles mondiaux car l'automobile est devenue un subtil kaléidoscope sociologique. À Dallas ou à Chicago, un grand véhicule incarne la réussite individuelle. À Paris, Londres ou Berlin, il correspond plutôt à un besoin de reconnaissance sociale.
Hyundai ajuste donc en permanence son offre. Certes, la firme continuera à produire de petits véhicules au rapport qualité-prix très étudié. Elle avoue même qu'il lui manque un low-cost : « Pas un modèle genre Tata Nano, invendable en dehors des frontières indiennes », nous précise Steve Yang, le numéro trois du groupe.
Vitesse d'exécution sidérante
Hyundai veut d'abord relever son offre. Avec son amusant coupé Genesis, elle mise sur le plaisir de conduite. Son ix 35 confirme son engagement dans le véhicule à transmission intégrale. Et l'Elantra électrique GPL montre sa capacité à réagir face à Toyota et à Honda sur les petits hybrides.
Cette réactivité est sans doute sa meilleure arme. Au pays du Matin-Calme, la vitesse d'exécution dans le travail est sidérante, et on travaille là-bas 2 100 heures par an contre 1 400 à 1 500 en France. Conséquence, « le processus de fabrication des cigarettes ou des produits cosmétiques entre la conception et la mise sur le marché prend deux fois moins de temps en Corée du Sud que dans la plupart des pays européens », cite en exemple Philippe Li, le président de la chambre de commerce franco-coréenne. L'automobile peut donc raccourcir aussi les temps de gestation.
Simple fabricant sous licence de Ford Cortina à sa création, en 1967, assembleur faisant appel à Mitsubishi en 1974 pour sa Pony, il développe à grande vitesse sa propre technologie depuis 1988. Possédant aujourd'hui une expertise reconnue, Hyundai a franchi en quelques décennies toutes les étapes de la construction automobile. Et joue désormais sans aucun complexe dans la cour des grands.
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