Les acquisitions chinoises font grincer des dents en Australie et en Europe.
« China Incorporated ». La Chine mérite plus que jamais le surnom que lui donnent les hommes d'affaires étrangers confrontés à sa boulimie internationale.
Sans se soucier le moins du monde de la crise, elle a investi l'an dernier, hors secteur financier, 43,3 milliards de dollars à l'étranger, soit 6,5 % de plus qu'en 2008, dont 20,5 milliards entre juillet et septembre derniers.
Les matières premières, dont elle a impérativement besoin pour alimenter son développement industriel, viennent naturellement en tête des acquisitions chinoises. En Australie, Pékin a piloté en 2009 pas moins de 58 opérations dans les mines, pour 10,7 milliards de dollars. Yangzhou Coal, Wuhan Iron and Steel, Chinalco, toutes des entreprises d'État, ont de grandes ambitions. Canberra doit actuellement trancher une quarantaine de dossiers concernant des rachats chinois d'actifs miniers.
Mais l'Australie n'est pas le seul continent visé. Les investissements se multiplient en Afrique, où CNOOC et Sinopec allongent 1,3 milliard de dollars dans le pétrole pour participer au développement d'un champ en Angola et au Zimbabwe où Pékin dépense 8 milliards dans les hydrocarbures et les métaux. Et ce n'est pas tout.
Les géants chinois veulent aussi rivaliser avec les multinationales dans l'industrie lourde, l'automobile en particulier. L'américain Hummer (General Motors) est désormais chinois, et Volvo va passer cette année sous la coupe de Geely Automobile Holdings.
Fonds souverains
« Internationalisez-vous, sortez des frontières », le mot d'ordre du gouvernement est suivi à la lettre par les hommes d'affaires. En 2007, Pékin avait créé un fonds souverain, la China Investment Corporation (CIC), destiné à prendre des participations dans le monde entier. Il a creusé un sillon qui ne fait que s'élargir.
La Chine peut se le permettre. Ses réserves de change, les premières au monde, dont une grande partie est constituée de bons du Trésor américain, ont explosé de 23,3 % le mois dernier, s'établissant à 2 399,2 milliards de dollars.
Les étrangers, parfois, résistent. En Grèce, le chinois Posco, qui a déboursé 3,4 milliards de dollars pour obtenir en 2008 une concession dans le port du Pirée, s'est attiré les foudres du gouvernement quand il a laissé entendre qu'il envisageait un deuxième investissement du même type dans le pays. En Afrique et en Australie, des voix s'élèvent pour protester contre la « mainmise chinoise sur les terres rares ».
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