Le point de vue de l'agence économique et financière, Reuters Breakingviews.
Al'exception de celle du Japon, les Bourses asiatiques viennent de vivre une semaine houleuse. Elles ont chuté de 7 %. Pour les gouvernements et les banques centrales, c'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.
Voyons d'abord les aspects négatifs. Les exportateurs asiatiques ne sont pas encore tirés d'affaire. Lundi 25 janvier, on a vu Foxconn, champion mondial de la fabrication des téléphones portables et propriété du géant taïwanais de l'électronique Hon Hai, émettre son quatrième avertissement sur résultats depuis 2008. La baisse de la demande et la faiblesse des prix ont provoqué un net recul des bénéfices. La place de Taïwan, où le secteur des technologies pèse lourd, en a subi les conséquences. Elle n'avait pas dévissé autant en une seule séance depuis six mois.
On peut aussi voir dans cette semaine boursière calamiteuse le signe d'une certaine réussite des pouvoirs politiques. La surabondance de liquidités avait contribué à mettre les marchés en ébullition, permettant aux indices de grimper de 70 % au cours de l'année 2009. Si l'on ne peut pas vraiment affirmer que les titres sont surcotés, il est quand même plutôt sain qu'une correction vienne calmer le jeu. C'est dans l'immobilier que le risque de surchauffe est le plus grand. Le montant total des ventes de biens réalisées en Chine a bondi de 87 % en 2009.
Pékin a réagi en programmant le relèvement progressif du niveau minimum de réserves que certaines banques doivent respecter. Il était temps de donner un bon coup de frein : entre le 1er et le 19 janvier, les banques chinoises ont distribué pour 1 450 milliards de yuans (212 milliards de dollars) de nouveaux prêts. Le record doit être à nouveau battu, puisque le chiffre surpasse la croissance époustouflante enregistrée début 2009.
Tour de vis
Il semble que les mesures prises pour lutter contre l'inflation aient commencé à drainer le marché d'une partie de ses liquidités. A Hongkong, les ventes de biens immobiliers ont marqué le pas au quatrième trimestre 2009. Les investisseurs s'attendent à ce que cette politique se durcisse, et les craintes de voir faiblir l'afflux de capitaux en provenance de Chine en cas de tour de vis supplémentaire de la part de Pékin ont fait plonger le dollar de Hongkong, pour le ramener à sa parité d'il y a quinze mois face au dollar.
D'un autre côté, les gouvernements d'Asie ont peur de tuer la croissance. C'est en effet ce qui pourrait se passer si une hausse trop rapide du coût du crédit se combinait avec une dépréciation brutale des actifs. En regardant les choses sous cet angle, on comprend mieux pourquoi la banque centrale chinoise a créé la surprise, mardi, en ne procédant à aucune modification de taux lors de son adjudication annuelle toujours très attendue.
A l'heure où les responsables politiques doivent trouver le juste arbitrage entre risque d'inflation et risque de décélération économique, on imagine mal comment les marchés asiatiques pourraient se mettre à l'abri de nouvelles secousses.
Wei Gu
(Traduction Christine Lahuec)
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