L'économie mondiale est en phase de reprise ", a déclaré, mardi 26 janvier, Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), en annonçant une prévision de croissance pour 2010 meilleure qu'attendu, soit + 3,9 %, contre + 3,1 % prévus en octobre 2009. L'amélioration annoncée pour 2011 du produit intérieur brut mondial (PIB) est moins spectaculaire, puisque la croissance atteindrait + 4,3 %, et non + 4,2 %, comme prévu auparavant.
Les raisons de ce regain d'optimisme sont à chercher du côté des Etats-Unis (+ 2,7 % en 2010, contre + 1,2 %) et de la Chine (+ 10 % contre + 9 %). En effet, les entreprises américaines ont recommencé à stocker plus vite qu'espéré et les ménages ont maintenu leur consommation, en raison de " l'ampleur extraordinaire des mesures de relance ".
Plan de soutien massif à l'économie, crédit abondant et bon marché ont permis à la Chine de rebondir plus vite et plus fort que le reste du monde. D'ailleurs, ce sont les principales économies asiatiques (Inde : + 7,7 % contre + 6,4 %) qui " ouvrent la voie de la reprise mondiale ", note le rapport du FMI.
Les experts du Fonds soulignent que la reprise est " à plusieurs vitesses ". Car derrière le peloton asiatique, on trouve l'Afrique subsaharienne (+ 4,3 %, contre + 4,1 %), qui profite de la remontée des prix des matières premières.
En revanche, malgré la performance américaine, les économies avancées décollent très lentement, soit + 2,1 %, contre + 1,3 % prévu en octobre 2009. L'Allemagne (+ 1,5 %), la France (+ 1,4 %), le Royaume-Uni (+ 1,3 %) et l'Italie (+ 1 %) ne retrouvent pas leur rythme d'avant la crise.
Presque partout, l'année 2011 verra un léger affaissement de la reprise, car les plans de relance et les politiques monétaires seront arrivés à leur terme. Dans les pays avancés, Olivier Blanchard a souligné que, " si la demande privée ne prend pas le relais du soutien public, aucune reprise forte et durable ne peut être assurée ".
Une délicate sortie de crise
Le FMI ne voit pas de reprise de l'inflation, ni de bulles spéculatives dans un futur proche. Il salue le retour de la confiance qui a contribué à améliorer le climat sur les marchés financiers.
En revanche, le Fonds s'inquiète du risque d'un nouveau ralentissement de la croissance mondiale sous l'effet de l'" abandon prématuré et non concerté des politiques de soutien ", de la hausse du chômage, des inquiétudes sur la viabilité des finances publiques, de la hausse du coût des emprunts et d'un rebond des prix des matières premières.
" Dans ces conditions, note le rapport, les pouvoirs publics font face à une tâche gigantesque : rééquilibrer la demande en faveur du secteur privé et non plus du secteur public, et en faveur des pays à excédent extérieur excessif et non plus de ceux dont le déficit est excessif, tout en remettant en état le secteur financier et en favorisant la restructuration " des secteurs non financiers.
S'il a modifié ses prévisions, le Fonds ne change pas ses conseils. En premier lieu, " les mesures de relance budgétaire prévues pour 2010 doivent être exécutées intégralement " pour éviter une rechute. Ensuite, le retour à l'orthodoxie budgétaire et monétaire devra tenir compte de la situation de chaque pays, les plus déficitaires devant renouer plus tôt avec des excédents.
Le FMI préconise de rassurer les marchés en faisant savoir dès maintenant à quelles conditions il sera mis fin au taux zéro et aux politiques d'argent facile. L'afflux des capitaux dans certains pays émergents pourrait être contrôlé par une appréciation de la monnaie, un assouplissement du taux de change et même des restrictions aux entrées de capitaux.
Alain Faujas
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