mardi 12 janvier 2010

Rio Tinto : l'enquête sur les salariés incarcérés en Chine est bouclée

Les Echos, no. 20591 - Marchés, mardi, 12 janvier 2010, p. 30

L'enquête pour espionnage industriel menée par la police de Shanghai contre quatre hauts représentants de Rio Tinto a été achevée. Le dossier est transféré au procureur de la ville. Mais les hommes de Rio restent derrière les barreaux.

Alors même que les discussions sur les prix contractuels en 2010 du minerai de fer s'animent entre sidérur gistes chinois et grands producteurs miniers, les enquêteurs de Pékin viennent de boucler les investigations sur les agissements supposés de quatre hauts représentants à Shanghai de Rio Tinto. Parmi eux, Stern Hu, un citoyen australien aux origines chinoises qui était, jusqu'à son incarcération avec ses trois compagnons d'infortune, début juillet 2009, en charge pour le groupe anglo australien de la commercialisation de ce précieux minerai en Chine. Rien n'a filtré sur les conclusions de l'enquête contre les quatre salariés de Rio et qui porte sur des accusations d'espionnage industriel et commercial. Pékin s'est limité à fournir télégra phiquement l'information au consulat général australien de Shanghai.

La transmission du dossier de police au procureur du peuple de Shanghai est accompagnée d'une recommandation des enquêteurs. Mais c'est formellement à la justice de la capitale industrielle du pays de décider si (et quand) le procès contre les représentants de Rio Tinto devra avoir lieu. Pour l'heure, les quatre emprisonnés restent derrière les barreaux en attendant que leurs avocats prennent connaissance du rapport. L'accusation a encore un mois et demi devant elle pour étudier l'affaire avant que le tribunal en soit saisi et débute les audiences.

Tensions

Initialement les inculpés avaient été incriminés d'avoir volé des secrets d'Etat, crime passible de très lourdes peines en Chine. L'Australie n'a jamais manqué de les défendre auprès des autorités chinoises, ce qui a probablement permis de cantonner les accusations à de l'espionnage économique. Il n'empêche que les quatre accusés ne quitteront vraisemblablement pas la prison chinoise de sitôt.

Rio Tinto, dans son quatrième communiqué sur l'affaire, a déclaré hier qu'il réaffirmait son souhait que « les choses procèdent d'une manière expéditive et transparente ». Compte tenu du caractère hautement délicat du dossier, le groupe minier s'est refusé à commenter davantage le sujet.

Il est vrai que Rio Tinto est dans le collimateur de Pékin depuis qu'il a fait capoter le projet de partenariat stratégique avec le holding minier chinois Chinalco en faveur d'un mariage dans le minerai de fer avec son compatriote BHP Billiton. La rupture de l'accord entre Rio Tinto et Chinalco avait précédé de peu l'offensive policière contre son bureau de Shanghai. De là à y voir une volonté de revanche des Chinois, il n'y a qu'un pas.

Les tensions qui ont suivi entre Pékin et Canberra n'ont cependant pas tari la détermination chinoise à s'emparer de gisements australiens de minéraux. Hier, Zijin Mining, contrôlé par l'Etat chinois, a obtenu le feu vert du gendarme australien des investissements directs étranger pour prendre le contrôle d'Indophil Resources (cuivre et or), valorisé 507 millions de dollars américains par l'offre, qualifiée d'amicale, du chinois.

Toujours ce lundi, Yankuang Corporation a fait part de son intention de prendre une participation de 9 % au capital de Bauxite Resources. Objectif : développer ensemble une unité de raffinage d'alumine, la matière première du métal gris, à partir de la bauxite extraite des gisements de Bauxite Resources à Darling Range, dans le grand ouest australien.

Massimo Prandi

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