La société de la Somme spécialisée dans la robinetterie de luxe a vu ses commandes ralentir en 2009. Présente en Chine depuis les jeux Olympiques de 2008, elle veut pousser ses pions dans le pays avec la création d'une filiale à Shanghai. Elle attend aussi la confirmation d'un important contrat avec une chaîne d'hôtels chinoise.
C'est un robinet en bronze géant en forme de tête de cheval. Il a été commandé par un cheik d'Arabie saoudite pour ses écuries royales. Il a fallu quinze jours pour mettre au point le prototype. Si ce modèle lui plaît, le riche émirati en achètera une dizaine, une commande de plus de 35.000 euros. Son fabricant ? L'entreprise THG, du nom des fondateurs Tétard, Haudiquez et Grisoni, un spécialiste de la robinetterie de luxe. Les créations de cette PME de la Somme, fondée dans les années 1950, sont connues dans le monde entier par une clientèle de particuliers aisés ou d'hôtels haut de gamme. C'est la reprise en 1995 de la marque Jean-Claude Delépine, l'initiateur dans les années 1970 du design dans ce secteur, qui lui a permis d'asseoir sa notoriété internationale, avec ses modèles en forme de cygne ou de dauphin. Avec 230 salariés, la société toujours familiale réalise 80 % de ses ventes à l'étranger. Mais avec la crise, nombre de projets notamment d'aménagement de yachts et d'hôtels ont été stoppés net. Après une hausse de 25 % du chiffre d'affaires en 2008, après autant en 2007, pour un résultat d'exploitation équivalent à 25 % des ventes, la direction estime à 20 % le recul de l'activité en 2009, à 25,5 millions d'euros. Son premier marché, les Etats-Unis, est en chute de 40 %.
Une dizaine de métiers
« Dans le même temps, le Moyen-Orient est resté stable, et les commandes en Chine, où nous avons mis en oeuvre depuis 2007 d'importants projets liés aux JO, ont bondi de 35 % », précise Michel Gosse, le directeur général qui, avec sa femme, PDG, détient 100 % du capital depuis 2003. Pour pousser ses pions sur place, la société va ouvrir une filiale à Shanghai. Les clients y sont friands de robinets avec des dorures. Et le dirigeant attend la confirmation d'un important contrat avec une chaîne d'hôtels et de résidences de luxe chinoises, qui devrait lui assurer une partie de son chiffre d'affaires pour 2010.
En attendant, pour passer la crise, la PME a serré les coûts, arrêté les contrats de ses 55 intérimaires, et baissé ses prix pour rafler des contrats. Mais, pas question de couper les commandes à ses petits sous-traitants locaux. « Nous travaillons avec 25 artisans polisseurs et une dizaine dans le décolletage installés dans le Vimeu. Nous avons continué de leur assurer un minimum de commandes, sinon, nous n'aurons plus personne quand la reprise sera là », reprend le patron. La force de la société ? Son intégration qui va du dessin à la fabrication de son outillage, à l'usinage_ « Nous avons une dizaine de métiers différents. Cette souplesse nous permet de faire des séries, tout en répondant aux caprices d'un décorateur ou aux demandes de notre bureau d'études, et cela en restant dans le prix du marché », souligne Olivier Rolland, responsable des grands comptes. Les tarifs de ses modèles vont de 300 à 6.000 euros pièce. THG a initié depuis 2000 des partenariats avec de grandes maisons comme Lalique et le porcelainier Bernardaud. Et depuis sept ans, elle mène des projets avec de grands décorateurs, comme Pierre-Yves Rochon, qui lui a ouvert grand la porte de l'hôtellerie de luxe. A Paris, la PME a équipé quasiment tous les palaces, du Ritz au Crillon. En cours, le projet du Shangri-La, un cinq étoiles d'une centaine de chambres avec vue sur la tour Eiffel.
Parmi les demandes de particuliers, la société a équipé les 18 cabines d'Octopus, le yacht de Paul Allen, l'associé de Bill Gates, des moules uniques avec interdiction de s'en resservir. THG a aussi pour client le milliardaire russe Roman Abramovitch, qui, après son bateau, lui a commandé des robinets pour ses avions privés et ses villas.
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