François-Henri Pinault destocke. Pas assez rentables, la Redoute, la Fnac et Conforama sont à saisir. Puma, mal en point, est en restructuration.
EXTRAIT : En dépit de cette apparente tranquillité, le timing n'en est pas moins redoutable pour ce groupe de plus en plus tourné vers la Chine qui, en 2009, a représenté 18% de l'activité totale du groupe. Les ventes ont encore reculé (de 5,6%) et le bénéfice de 4% à 1,38 milliard d'euros.
Al'entendre, François Henri-Pinault n'est pas un homme pressé. S'il a confirmé hier que son groupe PPR, bientôt cinquantenaire, allait se séparer de son pôle distribution (Redoute, Fnac, Conforama) pour se recentrer sur «Un univers plus homogène de marques mondiales d'équipement de la personne», l'héritier plus attiré par le luxe que le bricolage entend prendre son temps. «On le prendra pour vendre ces belles entreprises au mieux», expliquait-il hier aux analystes financiers dans un décor très fashion à deux pas des Champs-Elysées. «Cela pourrait prendre deux à trois ans, Mais pas question de les brader.» Bien que diminuée de plus d'un milliard grâce à l'introduction en Bourse de sa très rentable filiale de transport maritime CFAO, fin 2009, PPR a encore une dette de 4,36 milliards d'euros. Impossible donc de se lancer dans des «acquisitions stratégiques» avant d'avoir réalisé des cessions. Il faudra donc en finir avec le «R» de PPR, après avoir déjà cédé le «P» de Prinptemps. Tourner la page.
Rassurer. En dépit de cette apparente tranquillité, le timing n'en est pas moins redoutable pour ce groupe de plus en plus tourné vers la Chine qui, en 2009, a représenté 18% de l'activité totale du groupe. Les ventes ont encore reculé (de 5,6%) et le bénéfice de 4% à 1,38 milliard d'euros. Mais, grâce aux efforts de restructurations et de réduction de coûts réalisés dans les enseignes de distribution, le groupe est parvenu à maintenir sa rentabilité, à 8,4%. Avec l'apport de Gucci qui représente la moitié du bénéfice de PPR pour seulement 20% du chiffre d'affaires, PPR fait aujourd'hui moins de chiffre mais a sauvé sa rentabilité. Pinault se retrouve contraint pour rassurer les marchés, d'annoncer la mise en vente de ses marques historiques, quitte à les fragiliser et à dévaluer leur prix. Et comme les repreneurs ne se bousculent pas...
Cette mutation de PPR à marche forcée doit beaucoup aux ambitions du fils. Mais aussi, sans doute (même si la direction de PPR le réfute officiellement), aux ennuis de la holding familiale, Artemis. Premier actionnaire de PPR (40%), et écrin des bijoux de famille, cette coquille regroupe le grand cru bordelais Château Latour, la maison de ventes aux enchères Christies, une participation dans Vinci. Or, fin 2008, la situation d'Artemis est plus que préoccupante aux yeux de banquiers eux-mêmes aux abois. Sa dette, ancienne, est devenue exorbitante, près de 2,8 milliards d'euros, une fois et demi ses fonds propres. Surtout, la valeur de ses actifs a fondu dans la tourmente financière. A commencer par sa participation dans PPR, dont le cours a été divisé par quatre entre janvier et décembre 2008.
Fissa.«Les banquiers étaient dans la place», confie un proche de la famille Pinault. Lesquels réclament fermement des cessions ou à défaut des restructurations. Qui ont été engagées fissa. Objectif : faire remonter le cours de l'action et vite. «L'entrée en Bourse de la CFAO a été le second acte de la remise à flot : à défaut de trouver un acquéreur pour la distribution en pleine déprime, c'était le seul moyen de donner un début de concrétisation au plan», précise un connaisseur du dossier. Petite satisfaction, hier le cours de bourse de PPR gagnait 1%, à 85,5 euros, mais encore très loin de son niveau de 141, il y a trois ans.
Par christophe alix, Eve Chalmandrier et Nathalie raulin
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