« Une marque complètement mythique pour les femmes. Les hommes ont les yeux qui brillent pour elle... C'est une des griffes qui ont le plus grand imaginaire. » Drôle et pétillante, Marie Fournier, la nouvelle directrice générale d'Emanuel Ungaro, vous reçoit dans ses grands bureaux tout blancs de l'avenue Montaigne, avec une certaine excitation. Non seulement parce qu'elle est dans les starting-blocks avec la préparation du défilé du 8 mars, mais aussi parce que c'est à elle que revient désormais de redynamiser la maison, et surtout d'en redresser les comptes. Sur fond de nouvelle donne puisque, avant Noël, le propriétaire, Asim Abdullah, a repris la présidence, qu'il avait confiée il y a cinq ans à Mounir Moufarrige (ex-Richemont, Luxury Group...). Ce dernier, qui reste actionnaire et membre du comité stratégique, va désormais se consacrer à sa nouvelle marque de montres, U Boat.
Une reprise en main qui témoigne de la volonté du propriétaire de mettre les bouchées doubles à un moment où le secteur du luxe souffre. Le jeune entrepreneur américain d'origine pakistanaise, qui a fait fortune dans les nouvelles technologies, a repris Emanuel Ungaro à un moment plus prospère, en 2005, à Ferragamo, via le holding AIMZ. Il vient désormais quinze jours par mois à Paris, et sa femme, qui sera présente au défilé, s'intéresse de près au produit.
En nommant Marie Fournier à ses côtés, il s'attache le regard sûr d'une experte du luxe mais aussi d'un pilier maison. « Je n'ai connu que l'avenue Montaigne! », plaisante cette brune de 48 ans, mère de deux enfants, qui, après l'Essec, pilota les licences internationales de Dior, à quelques encablures. Mais depuis près de vingt ans chez Ungaro, elle ne regrette pas d'avoir préféré « un développement à 360 degrés dans une petite maison plutôt que d'être un maillon dans une grande société ». Même si la maison a connu une valse de dirigeants depuis sa vente en 1996 à Ferragamo; et de créateurs aussi, après le retrait définitif du fondateur, Emanuel Ungaro, en 2005. Aujourd'hui, celle qui confesse son « amour pour la maison » redéploie la politique de licences (sacs, homme, bijoux...) qui avait été arrêtée. « Le système idéal pour une petite maison quand c'est bien contrôlé. » Et de révéler « un plan très ambitieux, mais pas irréaliste pour les deux années qui viennent », à commencer par l'ouverture de huit boutiques en Chine en avril. Gestion serrée aussi : un retour aux bénéfices est attendu en 2011, avec un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros, contre 10 millions aujourd'hui.
Bellemare, Carole
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