Le tigre est en avance. On l'entend déjà rugir avant le début de son année, fixé officiellement au 14 février. Clairement, la Chine hausse le ton. C'est vrai d'abord sur le plan diplomatique, où elle marque vigoureusement ce qu'elle considère comme son territoire. Pékin a entamé les manoeuvres d'intimidation pour dissuader le président des Etats-Unis, Barack Obama, de rencontrer le dalaï-lama, symbole d'un Tibet libre. Et les autorités chinoises poussent le volume sur Taiwan. Après l'annonce d'un contrat militaire entre Taipei et Washington, elles ont pour la première fois menacé de rétorsion les firmes américaines qui doivent fournir les missiles, les hélicoptères et les navires promis.
C'est vrai ensuite sur le plan économique. A l'échelon macro, le gouvernement a renvoyé dans leurs buts les émissaires américains et européens venus réclamer une réévaluation du yuan. Et il prendra ce qu'il voudra dans le rapport publié hier par l'OCDE, qui lui conseille de mieux équilibrer sa demande intérieure. A l'échelon micro, la tension avec Google, le moteur américain de recherche sur Internet, révèle que les Chinois estiment être désormais en mesure de se passer des compétences étrangères dans un certain nombre de domaines, ce que ressentent de plus en plus les industriels occidentaux installés en Chine. Il est vrai que les universités chinoises fabriquent presque dix fois plus d'ingénieurs que leurs rivales américaines.
Cette nouvelle confiance chinoise s'explique par les extraordinaires performances du pays. L'an dernier, son écart de croissance avec les Etats-Unis et l'Europe a atteint un record de 10 %. Cette année, la Chine deviendra la deuxième puissance économique mondiale, devant le Japon. Et c'est elle qui a forgé son succès. Elle a évité la crise asiatique de 1997-1998 parce qu'elle n'avait pas écouté les conseils d'ouverture financière des Occidentaux. Elle a ranimé sa croissance l'an dernier avec un plan de relance infiniment plus puissant que tous les autres.
La Chine suit l'un des préceptes de Mao -compter sur ses propres forces. Alors que les Américains ont abandonné « Objectif lune », elle maintient « Objectif croissance ». Mais elle a peut-être trop confiance. D'abord parce qu'elle a encore besoin de vendre au reste du monde, même si les trois quarts des créations d'emploi viennent déjà de la demande intérieure et non des exportations. Ensuite et surtout parce qu'elle a accumulé une formidable montagne de crédits douteux. Comme l'Amérique dans les années 2000.
© 2010 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire