La crise financière ne serait-elle plus qu'un mauvais souvenir pour les assureurs ? Sans doute, à en lire leurs résultats 2009. La plupart ont en effet annoncé des résultats en forte hausse, à l'instar du groupe Axa jeudi 18 février. Le français, numéro deux européen, a multiplié par quatre son bénéfice annuel, le portant à 3,6 milliards d'euros. Il n'a pas pour autant retrouvé les sommets de 2007.
" En fait, tous les assureurs qui sont restés sur leur métier ont bien résisté, car ils n'ont pas eu de problèmes de liquidités ou de besoins de capitaux ", explique le président du directoire d'Axa, Henri de Castries. Si la crise a balayé le groupe américain de services financiers AIG du palmarès, tombé pour ses activités hors assurance, ainsi que le groupe de bancassurance belgo-néerlandais Fortis, le rebond de 2009 dans le secteur s'accompagne d'une modification en profondeur du palmarès.
Deux assureurs chinois, China Life et Ping An, occupent les premières places d'un palmarès où les Européens sont toujours très présents. Retour en arrière. Jusqu'au début des années 2000, Européens et Américains occupaient le haut du tableau de l'assurance mondiale, tant en chiffre d'affaires qu'en valorisation boursière. Le bouleversement a eu lieu en 2007 avec l'arrivée de China Life à la Bourse de Shanghaï. Dès sa première journée de cotation, l'assureur vie chinois valait autant que Google...
La crise a certes réduit sa valeur mais elle demeure très élevée, preuve que les investisseurs croient et spéculent sur le potentiel du marché chinois. Liées à la croissance économique, les perspectives de développement de collecte d'épargne sont très importantes. Mais Pékin entend protéger son marché. Ainsi une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers sur l'assurance en Chine, parue en septembre 2009, révèle que les étrangers n'ont pas réussi la percée escomptée.
" Glissement "
Ils ont perdu du terrain en assurance-vie face aux concurrents locaux. Leur part de marché est passée de 8,9 % en 2005 à 4,7 % en 2009. Leurs prétentions ont été revues à la baisse. Elles ne sont plus que de 8 % à l'horizon 2012 contre 10 % jusqu'alors espéré pour 2011.
Pour l'instant, les assureurs chinois sortent de leur côté très peu de leur territoire même si Ping An avait pris une participation dans Fortis. " Nous observons un glissement progressif de l'activité vers les pays émergents, reconnaît M. de Castries, pas uniquement vers l'Asie mais aussi l'Amérique latine, certains pays du Bassin méditerranéen comme la Turquie, mais aussi les pays d'Europe centrale. " Le développement des affaires nouvelles y est beaucoup plus rapide que dans les pays développés. Ils progressent de 10 %, quand les autres gagnent entre 0 et 5 %.
Les Européens sont parmi les groupes les plus dynamiques en matière de développement hors de leur territoire d'origine. Une politique qu'ils devraient poursuivre en 2010 tout en continuant à se renforcer sur leur marché de base.
" Le marché de l'assurance va se concentrer, on en est persuadé ", a assuré Jean-Luc Baucherel, président de Groupama, mercredi 17 février. Le relèvement des exigences en fonds propres imposé aux banques devrait les pousser à " délaisser leurs activités d'assurance sans abandonner la distribution des produits d'assurance ".
D'où des cessions potentielles par les banques de certaines activités. Groupama n'est pas le seul assureur à réaffirmer sa volonté de procéder à des acquisitions. Le suisse Zurich Financial l'envisage aussi, avec prudence, ainsi que le réassureur Swiss Re, qui a renoué avec les bénéfices en 2009.
Aux Etats-Unis, l'américain Metlife convoite Alico, la division d'assurance-vie d'AIG. Cette transaction est pour l'instant bloquée pour des problèmes fiscaux, indiquait, mercredi 17 février, le Wall Street Journal. Les deux entreprises négocient depuis des mois ce rachat estimé à 15 milliards de dollars (11 milliards d'euros).
Dominique Gallois
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