La Chine a répondu par un nouveau « coup de froid » à la récente rencontre de Barack Obama avec le dalaï-lama. Il y a peu de temps, elle avait déjà humilié le président américain lors de sa visite officielle à Pékin, sans compter les autres accrochages à propos de Taïwan. On pense que cette attitude découle d'une stratégie. Elle exprime plutôt la vraie nature de la Chine. Une simple liste suffit à l'illustrer. La sous-évaluation caractérisée du yuan sème la perturbation dans les échanges internationaux et ruine ses concurrents, mais la Chine n'en a cure. Le monde entier, y compris la Russie, durcit-il son attitude envers Mahmoud Ahmadinejad ? Elle s'en désolidarise. A Copenhague, elle a ouvertement refusé d'engager la moindre action climatique, au mépris de l'ensemble des autres nations. Elle exclut Google, qui entrave son régime de censure généralisé. Les entreprises étrangères exerçant sur son sol sont requises de s'associer à des intérêts locaux dont le goût pour la rente l'emporte sur la valeur ajoutée, sans compter les discriminations dont elles sont l'objet. Elle ne supporte pas, enfin, la moindre allusion aux droits de l'homme_ la liste n'est sans doute pas complète. Il serait temps de nous libérer de nos a priori occidentaux pour juger ou condamner, et de prendre la Chine pour ce qu'elle est : ce pays immense, plus que milliardaire en hommes et multimilliardaire en créances, convaincu de tout temps d'être l'empire du Milieu, accède enfin à la puissance. Il a connu trop d'humiliations pour mettre des formes à sa revanche. Il est, moins sans doute que nous ne le fûmes, impérialiste, mais manifeste une extrême susceptibilité sur son empire. Soit. Cessons donc de mendier auprès de lui des arrangements. Et souvenons-nous qu'avant lui, en d'autres temps, nous nous sommes pris, nous aussi, pour le centre du monde.
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