mercredi 3 février 2010

Quand Henry Paulson était au bord du précipice - Virgine Robert

Les Echos, no. 20607 - Dernière, mercredi, 3 février 2010, p. 14

Sorti cette semaine, « On the Brink », le livre d'Henry Paulson, l'ancien secrétaire au Trésor de George W. Bush, est le premier témoignage direct sur la crise financière de 2007-2008, vécue de l'intérieur, par l'un de ses principaux protagonistes. Etre secrétaire au Trésor pendant cette période-là revenait « à être dans un accident de voiture au ralenti », a-t-il expliqué au « Financial Times ». Avec Tim Geithner, le président de la Fed de New York, et Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, ils formaient, écrit-il, un triumvirat soudé qui cherchait toutes les solutions pour s'en sortir. Pour ceux qui s'en inquièteraient, George Bush est décrit comme « un président engagé et concentré ».

Parmi les révélations du livre, Henry Paulson raconte sa crainte de voir le dollar s'écrouler et sa conviction que les Britanniques auraient pu sauver Lehman Brothers si le gouvernement et Barclays s'en étaient donné la peine. Il évoque aussi l'aveu de Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, qui lui a dit qu'il serait le prochain à disparaître si Morgan Stanley tombait.

Bon connaisseur de la Chine depuis de nombreuses années, il a apprécié l'aide des Chinois pendant la crise et a souvent parlé avec le vice-Premier ministre, Wang Qishan, qui lui a assuré qu'il conserverait ses bons du Trésor américains. En revanche, il est persuadé que le Russes ont voulu entraîner les Chinois dans une offensive contre Fannie Mae et Freddie Mac, les deux agences hypothécaires américaines.

S'il parle assez peu de lui, il évoque néanmoins sa foi de « christian scientist », qui, au terme d'un fort débat intérieur, l'oblige à renoncer à prendre une pilule pour dormir.

Dans un style direct, qui lui ressemble parfaitement, « Hank », comme on le surnomme, fait l'apologie de ses équipes au Trésor, qui ont travaillé d'arrache-pied au sauvetage des banques. « C'est une histoire où les héros sont nombreux », assure-t-il. Une allusion directe à l'autre livre sur la crise, le « Too Big to Fail » d'Andrew Sorkin, qui trouvait que, hormis John Mack, le patron de Morgan Stanley, les héros se sont faits rares.

VIRGINIE ROBERT (À NEW YORK)

© 2010 Les Echos. Tous droits réservés.

Bookmark and Share

0 commentaires: