La grande bataille a repris dans le ciel chinois. Après avoir vécu une année 2008 catastrophique et un début 2009 compliqué, les grandes compagnies du pays -China Southern, Air China et China Southern -multiplient les initiatives pour se repositionner sur un marché domestique qui a retrouvé son dynamisme en fin d'année dernière avec la reprise de la croissance chinoise. Toutes viennent d'annoncer de nouvelles commandes d'appareils -elles ont notamment acheté 56 Airbus depuis novembre -ainsi que de massives levées de capitaux.
Vendredi, Air China, numéro deux du pays, a confirmé qu'il allait lever l'équivalent de 6,5 milliards de yuans (692 millions d'euros) en vendant, dans le cadre d'un placement privé sur la place de Shanghai, de nouvelles actions A à une dizaine d'institutionnels, et notamment à sa maison mère China National Aviation Holding Company. Ce holding public, qui détient 52 % d'Air China, devrait également acheter pour 1,04 milliard de Hong Kong dollars (97 millions d'euros) d'actions H de la compagnie sur la place de Hong Kong.
Grandes manoeuvres
Saluant l'annonce de l'opération, les marchés ont poussé à la hausse les titres d'Air China. Les courtiers estiment que ces nouveaux capitaux vont permettre au groupe de réduire son lourd endettement et de reprendre sa chasse aux acquisitions. « La restructuration du secteur avait duré quelques années avant d'être interrompue l'an dernier. Elle va maintenant reprendre », concluait, vendredi, Kelvin Lau de Daiwa Capital Markets. Selon une note de JP Morgan, les nouveaux fonds pourraient notamment permettre à Air China de monter au capital de Shenzhen Airlines, dont il détient déjà 25 %. L'arrestation pour corruption, début mars, du président de cette très rentable compagnie privée et son remplacement par un ancien vice-président d'Air China pousse les experts à parier sur une prise de contrôle imminente.
Cette opération est suivie de très près par China Southern, la plus grande compagnie du pays. Basée dans le sud, à Canton, elle voit d'un très mauvais oeil l'arrivée d'Air China sur ses terres -Shenzhen est la ville rivale de Canton dans la province industrielle du Guangdong. Pour préparer sa contre-attaque, le groupe avait annoncé, mardi, qu'il s'apprêtait, lui, à lever 10,75 milliards de yuans par émission d'actions, afin de rembourser ses dettes et d'assainir ses comptes. Sa maison mère, contrôlée par l'Etat, achètera l'essentiel de ces titres écoulés dans un placement privé. Plus en retrait dans cette bataille, China Eastern, le numéro trois, a annoncé qu'il allait aussi chercher des capitaux frais. Beaucoup d'analystes estiment qu'il pourrait de nouveau tenter de faire entrer Singapore Airlines à son capital.
© 2010 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire