Les Echos, no. 20642 - Crible, mercredi, 24 mars 2010, p. 38
L'affaire Google n'est pas seulement une mine de sujets du bac : droits de l'homme et capitalisme, censure et globalisation, etc. Elle soulève la question à laquelle les chefs d'entreprise occidentaux aimeraient tant répondre par l'affirmative : peut-on se passer de la Chine ? Pour qui fait dans le béton, l'acier, le luxe ou le nucléaire, la réponse est clairement non. En l'espèce - la décision de Google de transférer à Hong Kong son moteur de recherche en chinois -, le pot de terre n'est pas forcément celui qu'on croit. Face à ce risque pris pour son expansion, les investisseurs n'ont, certes, clairement pas apprécié de voir leur moteur préféré réduire délibérément son régime. Oublieux de l'emballement qui les a conduits à augmenter encore de 60 % sa valeur boursière depuis un an, ils ont changé leur fusil d'épaule, l'amputant de plus de 10 milliards de dollars depuis que leur héraut s'est érigé en Jeanne d'Arc contre la censure chinoise. Bien sûr, 400 millions de consommateurs ne se négligent pas mais la patience et la longueur du temps non plus. En réalité, le péril pour Google n'est pas jaune, il réside plutôt dans ses tentatives contrastées dans les télécoms. Quant aux quelque 300 millions qu'il tire de son activité chinoise, ils sont à comparer à ses 24 milliards de chiffre d'affaires. Mais au final, après la thèse et l'antithèse, c'est sans doute l'internaute qui fera la synthèse, rappelant que l'objectif premier du Web était la création d'un réseau se jouant des attaques. Et des frontières.
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