mardi 23 mars 2010

Google cesse de censurer son site chinois - Alain Ruello

Les Echos, no. 20641 - Technologies de l'information, mardi, 23 mars 2010, p. 24

Deux mois après avoir menacé de quitter la Chine, le géant américain de l'Internet a décidé de renvoyer le trafic de la version chinoise de son moteur de recherches sur celle de Hong Kong, libre de toute censure. Les dirigeants entendent maintenir une présence commerciale dans le pays. Reste à connaître la réaction de Pékin.

Deux mois après l'avoir brandie, Google a mis hier soir à exécution sa menace de ne plus se plier aux règles de censure imposées par Pékin. Les internautes de l'ancien empire du Milieu qui souhaitent passer par la version chinoise du célèbre moteur de recherches (google.cn) sont désormais dirigés vers le site - libre de tout contrôle, celui-là -de Hong Kong (google.com.hk). « Une décision difficile à prendre », a expliqué la société sur son blog, mais le gouvernement chinois a affirmé de manière « absolument claire durant nos discussions que les règles de contrôle étaient une donnée légale non négociable ». Même si l'administration Obama n'a pas souhaité influencer le choix de Google, ce différend s'ajoute à une longue liste de sujets conflictuels entre Pékin et Washington, de la parité du yuan aux sanctions contre l'Iran, en passant par les ventes d'armes à Taiwan. La réaction des autorités chinoises n'a pas tardé. « C'est une violation d'une promesse écrite », a dénoncé le ministère de l'Information, cité par l'agence Xinhua.

Retrait partiel

A la mi-janvier, Google avait jeté un pavé dans la mare en dénonçant l'espionnage dont étaient victimes les messageries Gmail de plusieurs activistes des droits de l'homme. Cela, les dirigeants du portail l'avaient découvert en enquêtant sur des cyberattaques dont avait été victime le site, des agressions qui provenaient de Chine. Impossible dans ces conditions de continuer à se plier aux règles de censure sur google.cn, avaient-ils alors conclu, provoquant une onde de choc dans l'opinion mondiale. « Nous espérons vraiment que le gouvernement chinois respectera notre décision, bien que nous soyons bien conscients qu'ils peuvent bloquer l'accès à nos services à tout moment », a ajouté Google hier soir.

La société n'entend pas pour autant quitter complètement la Chine. Elle va ainsi poursuivre ses travaux de recherche et développement sur place, et maintenir une activité commerciale. De combien de personnes ? Tout dépendra de la suite que Pékin veut donner à cette affaire : si le gouvernement décidait de bloquer tout accès à google.com.hk, alors les effectifs pourraient se réduire à la portion congrue. Actuellement, Google emploie 600 personnes en Chine, selon Bloomberg.

Si Pékin devait utiliser la manière forte, l'impact financier serait limité puisque les revenus du géant américain sont estimés à 300 millions de dollars dans ce pays. Ce serait en revanche plus problématique pour nombre de jeunes pousses locales (« Les Echos » d'hier).

L'action Google était stable une demi-heure avant la clôture de la Bourse de New York, à 560 dollars. Celle de Baidu, le premier moteur de recherche chinois, montait de 1,48 %, à 578,09 dollars.

PHOTO - A notebook, with "Harmony" written on it, is placed on Google's logo outside the company's China headquarters in Beijing January 14, 2010. China defended its extensive censorship and brushed aside hacking claims on Thursday, telling companies not to buck state control of the Internet after U.S. search giant Google threatened to quit the country. The Chinese characters on the right is Google's Chinese name.

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