Le développement des plantes transgéniques fait aussi débat en Chine. Surtout depuis l'octroi, en novembre 2009, par le ministère de l'agriculture de « certificats de sécurité » à deux variétés de riz transgénique et à du maïs après plusieurs années de tests - étape-clé avant leur commercialisation future, à un horizon de trois à cinq ans.
Echaudée par des scandales à répétition (dernièrement, la mélamine dans le lait), la population chinoise commence seulement à prendre conscience de l'existence de produits transgéniques. La plupart de ceux actuellement commercialisés en Chine - la papaye, la tomate et l'huile de soja - ne sont pas étiquetés comme tels. Selon un sondage Sohu- China Daily, publié en février, 52 % des personnes interrogées n'ont pas conscience qu'elles achètent des produits transgéniques.
Le riz, qui est à la base de l'alimentation, touche néanmoins une corde sensible : sur les forums Internet, des internautes s'inquiètent de la disparition à terme des espèces actuelles de riz. Ou de l'impact sur la santé. Mercredi 3 mars, un officiel du ministère a dû démentir la rumeur selon laquelle l'importation de coton, de soja et de colza transgéniques avait été autorisée à des fins commerciales. Ces produits, a précisé l'officiel dans la presse, ne sont destinés qu'à l'industrie. En plus de la papaye et de la tomate, la Chine cultive du tabac, du coton et une variété de poivron transgénique.
Les efforts de recherche dans le domaine des OGM sont considérables dans le pays, dans la mesure où la désertification, l'urbanisation ainsi que la pollution des eaux par les engrais menacent sa sécurité alimentaire. « La Chine est partie très tard dans la course au développement des OGM », reconnaît le professeur Liu Zhixue, vice-directeur de l'Institut de technologie biologique de l'université de Tongji à Shanghaï.
Dépendance technologique
Outre les conséquences possibles de la généralisation des cultures OGM sur la santé et l'environnement, le chercheur met en avant la dépendance technologique de la Chine : « Le jour où la production de semences transgéniques se fera à grande échelle, le coût des royalties à reverser aux multinationales sera exorbitant. Il faudra que le gouvernement chinois et les producteurs parviennent à des solutions négociées », poursuit-il.
Les deux variétés de riz certifiées par le ministère en novembre ont été mises au point par l'université des sciences agricoles Huazhong à Wuhan, la capitale de la province du Hubei, dans le centre du pays, à partir de brevets étrangers : la commercialisation ne commencera pas avant plusieurs années, sera limitée à la province du Hubei, et tributaire de l'obtention de deux autres certifications.
Selon le chercheur, la communauté scientifique chinoise est partagée sur l'introduction des OGM. Un débat pour l'instant relativement libre d'interférence politique : « Il ne faut pas avoir de craintes irrationnelles contre les OGM, mais les consommateurs doivent absolument avoir le droit de choisir et de savoir » estime le professeur Liu. « Il faut surtout éviter de faire des choix précipités, et de se lancer dans des grandes actions volontaristes » dit-il, en faisant allusion aux décisions politiques qui, par le passé, ont conduit à la conversion de régions entières à la monoculture, avec des effets souvent désastreux.
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