Le budget de la défense chinois n'augmentera cette année que de 7,5 %.
Pour la première fois depuis deux décennies, la croissance du budget de la défense chinois repasse à un chiffre. À la grande surprise de tous les observateurs, qui s'attendaient à un maintien au-dessus des 10 %, Pékin a annoncé hier que ses dépenses militaires n'augmenteraient « que » de 7,5 % cette année. Après avoir approché les 20 % certaines années, le budget chinois était déjà redescendu à 14,9 % d'augmentation l'an dernier (contre 17,6 % en 2008).
L'annonce a été faite à la veille de l'ouverture de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire. Le porte-parole du Parlement, Li Zhaoxing, a précisé que le budget de la défense serait porté à 532,1 milliards de yuans, soit près de 57 milliards d'euros. Il a aussi souligné le caractère « raisonnable » de ces dépenses, ne représentant pas plus de 1,4 % du PIB chinois, contre plus de 4 % aux États-Unis et autour de 2 % en Grande-Bretagne et en France. « Les militaires chinois craignaient ce ralentissement, confie une source occidentale, et ils vont batailler ferme pour l'arbitrage entre les différentes armées... »
Bien sûr, le budget réel est supérieur à ces chiffres officiels. Les programmes de recherche et d'armements, comme dernièrement les opérations extérieures type mission antipirates, n'étaient jusque-là pas pris en compte. La plupart des experts estiment que le vrai budget est 2 à 2,5 fois supérieur au chiffre officiel. Mais même en tenant compte de cette part cachée, ces sommes n'apparaissent pas totalement disproportionnées, à l'aune d'une armée de 2,3 millions d'hommes. Et comme toujours, les militaires chinois expliquent depuis longtemps que ces sommes sont surtout destinées à améliorer les conditions de vie des militaires. De fait, après avoir fait de considérables efforts sur ses équipements et ses armements ces dernières années, Pékin a lancé la deuxième modernisation de l'APL, en s'attaquant à son organisation et à la qualité de ses hommes (nos éditions du 12 janvier).
Donner un signal rassurant
Quelle que soit la réalité du budget militaire chinois, l'ordre de grandeur est là. Tout comme le message politique, tant vis-à-vis de l'intérieur que de l'extérieur. En ces temps de crise et malgré la croissance revenue, le régime entend montrer que son discours sur la réduction des inégalités entre ruraux et urbains, ou la priorité aux réformes sociales, de santé et d'éducation, n'est pas un slogan vide. Vis-à-vis du monde, et de Taïwan en particulier, le signal se veut sans doute aussi rassurant. Même si Américains et Japonais continueront à déplorer l'opacité totale sur l'affectation de ces dépenses.
Cette modestie budgétaire est d'autant plus étonnante que la rhétorique était plutôt virile ces derniers temps. Des sources militaires chinoises n'ont eu de cesse de vanter les nouvelles capacités de projection d'une armée rejoignant les standards occidentaux. Et, à la faveur des dernières tensions sino-américaines après les ventes d'armes à Taïwan, ils se sont empressés d'affirmer que l'attitude de Washington « forçait » la Chine à muscler son armée. Il y a quelques jours, le livre du colonel Liu Mingfu a fait du bruit à Pékin, avec son appel à bâtir une armée capable de « supplanter celle des États-Unis ».
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