Le mot de Victor Hugo selon lequel « les diplomates trahissent tout, excepté leurs émotions » ne s'applique qu'à demi au conseiller de Nicolas Sarkozy pour les affaires internationales. La physionomie impassible et l'inaltérable courtoisie de l'ex-élève de Langues O, qui fut en poste en Chine à ses débuts, le rendent certes aussi impénétrable que la Cité interdite au temps des Ming. Il est vrai également que sa connaissance des dossiers a permis à « Diplomator » de survivre aux changements politiques en se révélant indispensable à l'actuel président, qu'il chaperonnera pendant sa visite aux Etats-Unis, après l'avoir été à Jacques Chirac, dont il fut le sherpa. Ce fils d'une Sud-Africaine élevée au Mozambique et d'un immigré ukrainien spécialiste d'études judaïques a fait perdre sa géographie au ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui se venge en baptisant « Machin » son rival, un temps représentant de la France à l'Onu avant de devenir ambassadeur à Washington. Mais l'habile négociateur a aussi de patriotiques convictions. La crise entraînée par l'opposition de Paris à l'intervention américaine en Irak lui a donné l'occasion de recoller les pots cassés avec les Etats-Unis tout en brandissant haut la bannière tricolore. S'il ne lui était pas si utile à son poste, le chef de l'Etat pourrait presque songer à lui faire jouer les Casques bleus au sein de son propre camp.
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