« Une redistribution inéquitable des revenus et la corruption pourraient affecter la stabilité sociale », admet Wen Jiabao durant la session de printemps de l'Assemblée nationale populaire
A l'issue de la session de printemps de l'Assemblée nationale populaire, seul rendez-vous politique d'importance de l'année en Chine, le premier ministre Wen Jiabao a prévenu, dimanche 14 mars, que l'année 2010 « allait être la plus compliquée pour l'économie » de son pays.
Lors de la traditionnelle conférence de presse qui clôt la dizaine de jours de délibérations d'un Parlement dont la tâche est, principalement, d'avaliser des propositions venues d'en haut, le chef du gouvernement chinois a affirmé qu'il était essentiel pour la République populaire de « maintenir la continuité et la stabilité de nos politiques macroéconomiques ». « Même si l'économie mondiale connaît une reprise, a-t-il ajouté, les principaux problèmes mondiaux n'ont pas disparu. »
Pour M. Wen, en dépit du fait que la Chine a su rebondir l'année dernière en affichant un taux de croissance de 8,7 % - 10,7 % durant le dernier trimestre 2009 -, il lui faut encore poursuivre sur la voie du plan de relance de plus de 400 milliards d'euros initié en 2008. Le premier ministre a aussi annoncé qu'il n'est pas non plus question d'apprécier la valeur du yuan, comme le lui réclament les Américains. Désormais premier exportateur mondial, la Chine est accusée de maintenir artificiellement un faible taux de change de sa monnaie, ce qui lui permet de conserver son avantage dans le domaine des exportations.
« Lorsqu'a éclaté la crise financière internationale et qu'elle s'est propagée, le taux de change stable [du yuan] a apporté une importante contribution », a estimé Wen Jiabao lors de la conférence de presse.
Sur le plan diplomatique, le premier ministre a évoqué la dégradation des relations entre son pays et les Etats-Unis, accusant Washington d'en être « responsable » après la décision de Barack Obama de vendre des armes à Taïwan et d'avoir rencontré le dalaï-lama.
« Cent ans et même plus »
Les inégalités qui se creusent en Chine au sein de la société étaient une question au menu de la session de printemps de l'Assemblée. M. Wen a rappelé que le développement économique et social de la Chine « doit accorder davantage d'attention aux pauvres et aux groupes dévalorisés parce qu'ils constituent la majorité ». Il a reconnu que « l'inflation, plus une redistribution inéquitable des revenus et la corruption pourraient affecter la stabilité sociale et même la stabilité [du gouvernement] ».
« Cela prendra cent ans, et même plus, pour que la Chine devienne un pays moderne », a-t-il ensuite remarqué, exprimant sa conviction que Pékin n'avait aucune visée hégémonique au moment où l'inexorable montée en puissance de la Chine, en passe de devenir la deuxième économie mondiale, inquiète parfois les pays occidentaux. « Certains disent que la Chine est arrogante, qu'elle est dure, mais le développe ment de la Chine n'affectera aucun pays », a promis Wen Jiabao qui a assuré que « la Chine ne cherchera jamais l'hégémonie, même quand elle sera un pays développé ».
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