Le geste architectural de Denis Dessus est simple et le parti pris écologique très affirmé.
« Lors de leur visite en RhôneAlpes, les organisateurs chinois de l'Exposition universelle ont été séduits par l'Ineed à Valence, un bâtiment durable que nous avons conçu », raconte Denis Dessus. Voici comment l'architecte ardéchois, à la tête d'un petit atelier de six personnes, dit avoir été choisi pour représenter la région, jumelée depuis vingt-deux ans avec la ville de Shanghai. Situé dans le quartier réservé aux meilleures pratiques urbaines, il devait, comme tous les pavillons à l'exception du bâtiment chinois, ne pas dépasser 20 mètres, presque une anomalie dans cette ville des gratte-ciel, et respecter des délais de réalisation raccourcis en raison du changement de terrain initialement affecté. L'immeuble, un parallélépipède de 3.200 mètres carrés répondant aux normes antisismiques, de rigueur dans cette région, affirme d'emblée un parti pris durable : la ceinture de bambous assemblés à claire-voie sur une structure métallique, à quelques centimètres du sol, est comme suspendue au-dessus du socle vitré et sert de brise-soleil. « Ce bois sélectionné dans la montagne voisine est doublement symbolique : il s'utilise à l'état naturel, sans traitement, et il se renouvelle en cinq ans. Son usage est très courant en Asie mais rarement pour des fonctions nobles comme celle-ci », détaille l'architecte. Les murs en thermopierre sont une combinaison de matières premières naturelles (eau, sable et chaux) recyclables et de millions de bulles d'air emprisonnées dans les alvéoles. Ce mélange solide, dur et réputé imputrescible présente aussi les caractéristiques d'un excellent isolant. La façade ouest, la plus exposée, ainsi que la toiture sont végétalisées selon un procédé breveté mis en oeuvre par la société lyonnaise Canevaflor. Là encore, l'effet est double : abaissement de la température en saison chaude et épuration de l'air entrant.
Fresque murale
Pour animer les lieux, une fresque monumentale de 50 mètres sur 16 conçue par l'artiste lyonnais Jean-Philippe Aubanel occupe la façade principale. Elle décline une thématique florale faisant écho à la roseraie plantée par la région Rhône-Alpes autour de son pavillon. A l'intérieur, un grand hall de plain-pied héberge durant l'événement une exposition consacrée aux nouvelles pratiques de développement urbain. Un escalier central et un ascenseur donnent accès aux demi-étages où sont aménagées des salles modulables et baignées de lumière au travers de grandes baies. Au sommet, le restaurant-école de l'Institut Paul-Bocuse se prolonge par une belle terrasse. Le coût de la bâtisse, dont la maîtrise d'ouvrage a été confiée à Erai, association émanant du conseil régional et accompagnant les PME à l'exportation, est chiffré à 5 millions d'euros dont 2 millions payés par la Chine. Elle bénéficie, entre autres, du partenariat de Saint-Gobain, qui a fourni les vitrages à l'argon, et de l'aide de plusieurs entreprises textiles qui ont offert les étoffes pour les tentures. En soie, bien sûr, dont sont tissés les liens entre les deux régions.
MARIE-ANNICK DEPAGNEUX
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