Un rapport de l'Union des fabricants remis aujourd'hui à Christine Lagarde montre qu'aucun secteur n'est épargné.
La contrefaçon est devenue « un phénomène mondial aux conséquences économiques et sociales graves ». En introduction du rapport qui lui a été commandé par le ministère de l'Économie, le nouveau président de l'Union des fabricants, Christian Peugeot, ne mâche pas ses mots. La contrefaçon, c'est de l'argent perdu pour les entreprises et les États, un danger pour les consommateurs et une atteinte au droit du travail et à l'environnement. Autrefois ciblé sur le luxe, le phénomène touche désormais les produits de grande consommation : les savons, rasoirs, matériels électroniques, batteries, cigarettes, l'alcool, les articles de sport, pièces automobiles et médicaments. « La Chine, devenue la »manufacture du faux*, est aujourd'hui le premier acteur mondial de la contrefaçon », note le rapport.
Remis ce matin à la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, le document rappelle que la contrefaçon coûterait aux pays du G20 plus de 100 milliards de dollars par an (70 milliards de pertes de taxes, 20 milliards pour lutter contre les réseaux et 14,5 en coûts liés aux décès attribués aux contrefaçons). En France, la perte directe de chiffre d'affaires pour les entreprises françaises liées à la contrefaçon a été évaluée à 6 milliards d'euros par an, selon Bercy.
Pour rendre son rapport le plus concret possible, l'Unifab s'est directement adressée aux entreprises. Le spécialiste des matériaux de construction Saint-Gobain chiffre à 2 millions d'euros, soit 1 % de son chiffre d'affaires, les pertes subies, du fait des copies. Lacoste évalue ses pertes annuelles à 228 millions d'euros, soit 6,2 % de son chiffre d'affaires. L'ensemble du secteur du luxe français souffrirait de 4 % à 7 % de pertes de chiffre d'affaires en raison de la contrefaçon, souligne le rapport. Près de trois quarts des entreprises affirment en outre que la contrefaçon de leurs produits « nuit directement à leur image ». PSA Peugeot Citroën note ainsi que « la présence accrue sur les marchés de produits dont la sécurité n'est pas assurée entraîne une image dégradée pour nos marques et un risque de méfiance du consommateur ».
Cinq angles d'attaque
Plus grave encore, dans le contexte actuel, l'impact négatif de la contrefaçon est « particulièrement significatif » en matière d'innovation, mais aussi d'emplois pour les entreprises. L'Union européenne estime que la contrefaçon fait disparaître 100 000 emplois par an. Quelque 57 % des entreprises interrogées affirment que le phénomène a donc des « conséquences directes sur leur politique en matière d'emplois ». Pour 18 % d'entre elles, le faux engendre des suppressions de postes, pour 47 % il empêche la création de nouveaux emplois en diminuant les marges réalisées. Selon Microsoft, « une baisse de 10 % du taux de piratage des logiciels se traduirait pour l'ensemble du secteur par la création de 36 000 nouveaux emplois en France et de près de 864 000 dans le monde ». Pour remédier à ce fléau, l'Unifab propose que les pouvoirs publics agissent en cinq angles d'attaque : améliorer la coopération internationale dans la lutte contre la contrefaçon, renforcer les dispositifs juridiques, améliorer la réponse opérationnelle à la contrefaçon, mieux sensibiliser les acteurs et l'opinion, enrayer la cybercontrefaçon.
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