mardi 13 avril 2010

Le cuivre est de retour - Alain Faujas

Le Monde - Economie, lundi, 12 avril 2010, p. 11

Voilà que ça recommence ! Depuis un an et demi, les consommateurs s'étaient habitués aux bons côtés de la récession, c'est-à-dire à des cours de matières premières industrielles en chute plus ou moins libre, à l'instar du cuivre revenu de presque 9 000 dollars la tonne au printemps 2007 à 3 500 dollars dans la foulée de l'effondrement de la banque Lehmann Brothers fin 2008, point de départ de la débandade.

La reprise, qui est au coin de la rue aux Etats-Unis et qui s'accélère en Asie, siffle la fin de cette récréation. Mardi 6 avril, le cours du métal rouge pour livraison à trois mois a brièvement poussé à 8 009,74 dollars sur le London Metal Exchange, renouant avec les niveaux d'avant-crise.

Le fauteur de troubles

Même si la tonne de cuivre est revenue à 7 892 dollars, vendredi 9 avril, sous l'effet des prises de bénéfice ou de la peur d'avoir dépassé les bornes, il n'y a pas de doute : le cuivre est de retour. La spéculation aussi.

Pas besoin de chercher bien loin le fauteur de troubles : la Chine, toujours la Chine. Dopée par son plan de relance à 450 milliards de dollars, elle dévore 40 % du cuivre mondial pour construire des tours un peu partout et équiper ses centaines de millions de citoyens avec des milliers de kilomètres de câbles électriques de cuivre. En pleine crise, elle a même accru le volume de ses achats, au grand soulagement des Chiliens, les premiers producteurs de la planète se voyant crouler sous des milliers de tonnes de minerai inutile.

« Je suis très dubitatif sur la pérennité de ces cours, affirme Hervé Liévore, stratégiste chez Axa Investment Managers. A priori la hausse est aberrante en raison de stocks importants et comparables à ceux accumulés au plus fort de la crise en janvier 2009. » Voilà deux ans que l'offre excède la demande.

Il esquisse quelques explications à ce phénomène. Les arbitrages des banques ? « Il leur est possible de dégager une plus-value en achetant du cuivre sur le marché comptant et en le vendant sur le marché à terme, quand celui-ci est favorable. Mais cela dépend des coûts de stockage », selon lui.

La Chine ne continuerait-elle pas à acheter plus que de raison ? « Elle pourrait être tentée de le faire pour limiter l'accumulation de ses réserves de change, tout en préservant la valeur du dollar », à laquelle elle tient tant. Le séisme du 27 février au Chili n'a-t-il pas perturbé la production de minerai ? « Anecdotique », dans la masse des échanges mondiaux.

Donc mystère et boule de gomme, comme toujours sur les marchés où s'entrecroisent les stratégies d'une multitude d'acteurs. Hervé Liévore croit plus à une pression à la baisse sur le cuivre qu'à un emballement. En tout cas, la volatilité est garantie.

PHOTO - A labourer works at a copper processing factory in Yingtan, Jiangxi province March 1, 2010. The 3.75 percent jump in copper prices, their biggest rise in two weeks, in the wake of a huge earthquake in top producer Chile has likely tipped technical signals back into bullish mood, traders said.

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