vendredi 30 avril 2010

Le Japon se rapproche de l'Europe pour mieux se démarquer de la Chine

Le Figaro, no. 20449 - Le Figaro Économie, vendredi, 30 avril 2010, p. 22 Bruxelles et Tokyo envisagent à terme un accord de libre-échange qui reste difficile à mettre sur pied. Pour vivre heureux, vivons fermés. Ce qui a fait pendant des années la force de l'économie nippone n'est plus de mise.

Mercredi, le premier ministre, Yukio Hatoyama, a accepté de créer avec les dirigeants européens un « groupe de haut niveau » qui va travailler pendant six mois sur les relations commerciales entre Bruxelles et Tokyo. Une première pierre posée vers un accord de libre-échange sans cesse remis sur le métier sans résultat.

Entre 2000 et 2009, les exportations de l'Europe vers le Japon ont baissé de 20 %, de 45 milliards à 36 milliards d'euros, tandis que les importations en provenance du pays du Soleil-Levant chutaient de 40 %, de 92 milliards à 56 milliards d'euros, selon les chiffres d'Eurostat.

Revitaliser les échanges ne sera pas facile. Tokyo réclame l'abolition des droits de douanes européens sur l'automobile (10 %) et sur l'électronique (15 %) et Bruxelles exige que soient supprimées les barrières non tarifaires qu'impose Tokyo en multipliant les procédures d'homologation compliquées sur les produits étrangers.

Mission en Afrique

Selon l'institut de recherche Copenhagen Economics, un accord d'intégration ferait bondir les exportations de l'Europe vers l'Archipel de 71 % et celles du Japon vers le Vieux Continent de 61 %. « Mais notre pays est moins attractif que les autres pays d'Asie, regrettait hier le Japan Times. Les Européens sont beaucoup plus intéressés par la Corée du Sud, avec qui ils ont déjà signé un accord de libre-échange l'an dernier. »

Accord qui reste en travers de la gorge des Japonais. Mais ils ne le disent pas. Ils pensent aujourd'hui qu'un rapprochement avec l'Europe peut être un moyen de trouver un nouveau front commun pour faire face aux velléités protectionnistes de la Chine.

Une Chine qui leur fait peur et qu'ils ont même décidé d'attaquer en Afrique. Une mission conduite par le ministre japonais des Affaires étrangères part ce week-end pour la Tanzanie en vue de participer à une réunion qui regroupe une cinquantaine de pays africains. But avoué de l'expédition, la chasse aux matières premières.

Tokyo a besoin de minerais pour faire tourner ses usines. À tel point qu'il va se lancer en même temps dans l'exploration des fonds sous-marins qui entourent le pays. Ils couvrent 340 000 kilomètres carrés, dont une partie est malheureusement revendiquée par la Chine. Une nouvelle source de conflit.

Arnaud Rodier

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