Le Figaro, no. 20447 - Le Figaro et vous, mercredi, 28 avril 2010, p. 32 En Chine, rouler en limousine allemande est toujours synonyme de réussite sociale, mais les constructeurs locaux espèrent attirer une nouvelle génération d'acheteurs avec des citadines, des coupés et des 4×4 d'inspiration européenne.
Le grand rendez-vous annuel de l'industrie automobile qui se tient à Pékin jusqu'à dimanche confirme que le style et la technologie des voitures chinoises progressent à grands pas. Les Citroën ZX à coffre, les Volkswagen Santana et autres pâles copies de berlines japonaises vivent certainement leurs dernières années d'existence.
Certes, le paradoxe voulant qu'une majorité de citadines roulent à la campagne tandis que d'encombrantes limousines s'entassent en ville risque de perdurer, entretenu par l'impérieux besoin d'afficher son train de vie. Aussi Audi a-t-il lancé une A4 longue pour seconder la très prisée A6 L et choisi Pékin pour dévoiler une nouvelle A8 L dotée d'un monumental W12 de 500 ch. Tandis que BMW et Mercedes présentent, de leur côté, une version rallongée de 14 cm de la Série 5 et de la Classe E.
Il n'empêche que les stands jouxtant ceux de l'opulence européenne attestent qu'une petite révolution stylistique et technique est en marche. La génération montante ne veut plus de la limousine de papa. La jeunesse chinoise aisée aspire à rouler en coupé ou en SUV, voire en citadine pourvu qu'elle soit branchée. Pour satisfaire cette nouvelle demande, certaines marques chinoises peu inspirées seront tentées de renouer avec leurs vieux démons : le copier-coller. Avec des réussites diverses : un franc-succès pour BYD et son ersatz de Toyota Aygo à prix cassé mais un vrai bide pour la fausse Mini de chez Lifan.
Incitation environnementale
Le bon exemple, l'industrie chinoise l'a sous les yeux grâce aux multiples partenariats que les constructeurs étrangers ont été obligés de conclure pour avoir l'autorisation de produire sur place. Certaines marques locales se sont même offert un constructeur de renom, comme SAIC avec Rover ou Geely avec Volvo, voire la propriété intellectuelle d'un modèle, comme BAIC avec les Saab 9-3 et 9-5. BAIC déclare que cet achat va lui permettre de gagner quatre ou cinq ans dans le développement de sa propre gamme. Le rythme s'accélère. Et le nombre de voitures hybrides et électriques attendues dans les deux années à venir, stimulé par une incitation fiscale de l'État, démontre que le retard technologique sera bientôt comblé. Quant à savoir si cette production chinoise actualisée débarquera en Europe, la majorité des constructeurs est bien trop affairée sur un marché en pleine croissance pour s'en soucier, mais nul doute qu'un jour ils finiront par exporter.
Les premières tentatives, comme celle menée par Brilliance, partenaire de BMW, se sont terminées dans un mur de crash-test. Les prochaines signées Roewe et MG, prévues l'an prochain, prêteront certainement moins à sourire. Il restera alors à connaître leur prix de vente.
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