Trop chère, trop compliquée, corrompue et trop souvent versatile, en matière de commerce international, la Chine n'est plus l'atelier du monde le plus convoité. Les entreprises chinoises et les étrangers sont de plus en plus tentés par le Maghreb et par les pays d'Asie du Sud-Est.
Le mouvement n'est pas nouveau. Dès le milieu de l'année 2008, Adidas décidait de réduire sa production en Chine pour délocaliser certaines usines au Laos et au Cambodge, ainsi que dans des pays de l'Europe de l'Est. À l'époque, le groupe invoquait une simple hausse de 10 % des coûts salariaux sur la zone côtière, mais rejetait l'idée qu'il puisse s'agir d'une tendance qui allait se développer. Il se trompait. Un an plus tard, un groupe chinois, rebaptisé pour l'occasion Nile Textile Group, choisissait de fabriquer ses chemises dans la zone franche de Port-Saïd, en Égypte, où il décidait de construire une usine de 600 personnes avec 80 % de capitaux égyptiens et 20 % de capitaux chinois.
Mais il ne s'agissait pas tant, cette fois-ci, de diminuer ses coûts que de profiter de la possibilité qui lui était offerte d'importer ses matières premières sans taxes ni impôts dès lors qu'il réexportait ses produits finis. Et il ne s'agissait que d'un début qui ne concerne pas seulement le bas de gamme. La même année, le géant de l'informatique China Great Wall Computer abandonnait Shenzhen pour l'Algérie pour fabriquer ses cartes mères pour ordinateurs portables avec l'opérateur local de services Internet Eepad.
Une étude réalisée en mars dernier par la Chambre américaine de commerce à Shanghaï et le cabinet de conseil Booz and Company montre que 28 % des entreprises américaines implantées en Chine trouvent la côte beaucoup trop chère et que 8 % d'entre elles envisagent de s'installer au Vietnam, en Inde, en Thaïlande ou en Indonésie.
Incitations fiscales
Car ces pays, plus proches des Chinois que le Maghreb, proposent aussi, en plus de salaires très compétitifs, des incitations fiscales alléchantes pour les étrangers, tarifications douanières privilégiées, facilités de transferts financiers...
Ils en font tous un argument commercial en même temps qu'ils se spécialisent dans des domaines de plus en plus précis et offrent une main-d'oeuvre de plus en plus qualifiée. C'est par exemple le cas des logiciels informatiques en Inde. Du coup, les délocalisations chinoises concernent non seulement les chaînes de production mais encore les ingénieurs et les techniciens de haut niveau. On les retrouve en Corée du Sud et à Taïwan, tout comme on trouve des chercheurs et des médecins chinois en Thaïlande.
La chute progressive des barrières douanières entre les dix pays de l'Asie du Sud-Est (Asean), la Chine, le Japon et la Corée (Asean + 4) facilite l'intégration des économies de la zone au sein d'un espace régional qui accélère les délocalisations. La Chine veut en profiter. Mais, revers de la médaille, c'est aussi le prix qu'elle doit payer pour une mondialisation dont elle est désormais le moteur principal.
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