A l'occasion de leur Dialogue stratégique et économique, les négociateurs américains et chinois ont assuré qu'ils travaillaient ensemble à une reprise soutenue de l'économie mondiale. Hu Jintao a évoqué, sans aucune précision, une reprise prochaine et mesurée de l'appréciation du yuan.
Les autorités chinoises n'ont rien dit de nouveau. Les officiels américains se sont déclarés enchantés. Après un début d'année tendu, qui avait vu Pékin et Washington s'écharper sur la valeur du yuan, leurs rapports à Taiwan ou les ennuis de Google en Chine, les deux gouvernements ont multiplié, hier, les amabilités à l'ouverture du deuxième Dialogue stratégique et économique, programmé chaque année, depuis 2009, entre les équipes de Barack Obama et de Hu Jintao. Confrontés à la sévérité d'une crise européenne qui pourrait remettre en question la dynamique de relance de la croissance économique mondiale, les deux pays tentent d'afficher leur confiance dans la reprise, une certaine forme de solidarité et leur volonté d'apaiser leurs conflits commerciaux potentiels. « De manière générale, les deux pays soutiennent les mesures prises par l'Europe pour surmonter ses difficultés », a résumé Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale chinoise, à l'issue de ses premiers entretiens avec la délégation américaine, emmenée par le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, et Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat. « L'opinion générale est que le rythme de la reprise économique mondiale sera fondamentalement maintenu », a assuré le cadre chinois.
Cherchant lui-même à se montrer conciliant sans rien lâcher sur le fond, le président chinois, Hu Jintao, a répété que son pays allait « faire avancer régulièrement la réforme du mécanisme de formation du taux de change du yuan en faisant en sorte qu'elle soit indépendante, contrôlable et progressive ». Il a ensuite redit, comme il le martèle depuis 2004 sans beaucoup de résultat, que le gouvernement chinois souhaitait développer davantage la demande intérieure afin d'équilibrer la croissance domestique, trop dépendante des exportations et des investissements.
Geithner satisfait
Ces discours ont apparemment ravi Timothy Geithner, qui affirme que les autorités communistes sont désormais bien décidées à laisser leur monnaie, dont la valeur est corrélée à celle du dollar depuis l'été 2008, repartir à la hausse à moyen terme. « Nous saluons le fait que les dirigeants chinois aient reconnu que la réforme du taux de change constituait un élément important de leur vaste programme de réforme », a-t-il indiqué, sans s'étendre sur les nouvelles réticences apparues ces derniers jours à Pékin sur le calendrier d'une réévaluation (voir ci-dessous).
Refusant de se braquer sur le seul débat monétaire, Timothy Geithner a appelé Pékin à plus ouvrir ses marchés aux entreprises étrangères et à ne pas les désavantager en imposant une trouble politique d'encouragement à « l'innovation indigène », qui pourrait favoriser les sociétés créant localement leur technologie. « Nous demandons que la Chine donne ici aux entreprises américaines les mêmes opportunités que celles dont jouissent les groupes chinois aux Etats-Unis », a insisté le secrétaire américain au Trésor devant le vice-Premier ministre Wang Qishan. Ce dernier a immédiatement demandé, à son tour, aux autorités américaines de revoir leur politique de contrôle des exportations de technologies sensibles vers la Chine, mise en place après 1989 pour éviter un détournement à des fins militaires de certains logiciels, lasers ou matériaux composites « made in USA ». Ironiquement, Pékin a expliqué qu'une levée des restrictions sur la vente de ces produits sensibles permettrait de réduire le déficit commercial américain dont l'équipe Obama se plaint tant.
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