mardi 18 mai 2010

Faible mobilisation des partisans de la démocratie - Florence de Changy

Le Monde - International, mardi, 18 mai 2010, p. 10

A peine 17 % des électeurs de Hongkong se sont déplacés pour prendre part à des élections partielles provoquées par la démission, en janvier, de cinq députés pro-démocrates, dans le but de susciter une consultation qu'ils voulaient transformer en référendum sur la démocratie (une démarche très fortement condamnée par Pékin). Le camp pro-démocrate souhaite que le suffrage universel soit mis en place dès 2012 et qu'un certain type de sièges de l'assemblée, les sièges corporatistes, disparaisse. Les partis proches du gouvernement et pro-Pékin ont boycotté l'élection. Le chef de l'exécutif, Donald Tsang, n'a pas voté. Les cinq députés ont toutefois été réélus et les démocrates ont considéré que les 579 000 électeurs qui se sont déplacés représentent " la plus grosse mobilisation depuis les manifestations massives de 2003 qui avaient rassemblé 500 000 personnes dans les rues ", selon la chef de file du Civic Party, Audrey Eu Yuet-Mee.

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Les démocrates de Hongkong bousculent Pékin - Arnaud de la Grange


Le Figaro, no. 20463
- Le Figaro, mardi, 18 mai 2010, p. 9

Même quand il s'agit de Hongkong et de son statut très spécial, le mot « référendum » provoque des allergies chez les dirigeants chinois. L'élection législative partielle qui s'est tenue dimanche dans l'ex-colonie britannique a donc logiquement suscité l'ire de Pékin, puisque le camp démocrate entendait en faire un « référendum de facto » sur la libéralisation politique. Un demi-succès ou un demi-échec, selon les points de vue.

Demi-succès, car les cinq députés pro-démocratie qui avaient démissionné en janvier dernier ont été réélus facilement. Par leur geste, ils entendaient relancer le débat public, pour exiger de Pékin une accélération des réformes politiques. Demi-échec, car la participation a été faible, avec 17 % de votants sur 3,4 millions. La semaine dernière, les démocrates avaient eux-mêmes déclaré qu'ils visaient les 25 %. Il faut dire que toutes les formations pro-Pékin avaient appelé à boycotter le scrutin. Le chef de l'exécutif hongkongais, Donald Tsang, avait lui-même décidé de ne pas voter. Les démocrates, comme l'un des députés réélus, Alan Leong, ont préféré retenir que des « centaines de milliers d'électeurs » s'étaient déplacés.

« Un pays, deux systèmes »

La bataille se joue depuis longtemps sur l'instauration à terme du suffrage universel à Hongkong, comme le prévoit la « loi fondamentale », sorte de mini-Constitution de la région administrative spéciale (RAS). Après avoir longtemps freiné, Pékin avait promis cette avancée démocratique pour 2017. Mais les démocrates dénoncent l'absence de vrai calendrier et d'assurances sur l'ampleur des changements. À court terme, l'enjeu tourne autour du paquet de réformes limitées que les autorités veulent faire avaliser cet été, avec comme première échéance les élections de 2012. Pékin propose que le chef de l'exécutif soit désormais élu par un collège de 1 200 personnes et non plus de 800 comme aujourd'hui. Et que le nombre de députés passe de 60 à 70. Mais ce « conseil législatif » (Legco) restera pour moitié élu au suffrage universel direct, et pour moitié par des collèges professionnels où les pro-Pékin sont évidemment à la manoeuvre. Les démocrates, qui disposent sur le papier d'assez de sièges pour opposer un veto, jugent ces propositions trop « conservatrices ». Et pour 2017, rien n'est encore clair.

Après avoir sévèrement critiqué cette tentative « illégale » d'instaurer un référendum, Pékin semble avoir baissé d'un ton. Donald Tsang a appelé à « mettre désormais les divergences de côté et à travailler ensemble pour faire avancer le développement constitutionnel ». Et un journal de Singapour assure que, de manière inédite, un haut dirigeant du Parti communiste chinois va rencontrer des membres de l'Alliance pour le suffrage universel formée par les démocrates. Si les dirigeants chinois entendent bien lâcher le moins possible de concessions démocratiques à Hongkong, ils doivent doser leur verrouillage. Tout gros accroc dans le concept « un pays, deux systèmes » serait un signal désastreux envoyé à Taïwan.

Les démocrates, eux, savent que le temps travaille contre eux. La singularité libérale accordée par Pékin à Hongkong n'est garantie que jusqu'en 2047. Après, ils redoutent que la dépendance de l'économie du territoire par rapport au continent soit si grande qu'il sera purement et simplement « digéré » par la masse.

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PHOTO - Resigned lawmakers from the League of Social Democrats (4th L to 6th L) Leung Kwok-hung, Raymond Wong and Albert Chan chant slogans with supporters after winning back their seats at a Legislative Council by-election in Hong Kong, early May 17, 2010. Hong Kong voted in citywide by-elections on Sunday, polls which pro-democracy groups consider to be a de facto referendum on universal suffrage aimed at pressuring Beijing to grant swifter political reforms.

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