mercredi 26 mai 2010

La Corée du Nord rompt toute relation avec le Sud et met ses troupes en état d'alerte

Les Echos, no. 20684 - Dernière, mercredi, 26 mai 2010, p. 18

Il ne manquait plus que cela. Venant s'ajouter à un climat global d'inquiétude sur les marchés, la tension monte dans la péninsule coréenne. Depuis que le Sud a officiellement fait savoir qu'il soupçonnait le Nord d'être le responsable du naufrage de la corvette Cheonan, qui a fait 46 morts parmi les marins sud-coréens, Pyongyang a manifestement décidé d'une stratégie de l'escalade. Hier, le régime nord-coréen a décidé de rompre toute ses relations avec la Corée du Sud. Par la voie d'un communiqué, Pyongyang a affirmé que sa mise en cause par la Corée du Sud dans le naufrage de la corvette Cheonan équivalait à une déclaration de guerre. Il a donc décidé de rompre toutes ses relations ainsi que les communications avec la Corée du Sud et d'abroger un accord de non-agression pour protester contre les accusations de torpillage du Cheonan. L'armée nord-coréenne a par ailleurs accusé hier la marine sud-coréenne d'avoir pénétré dans ses eaux territoriales, « une provocation délibérée visant à provoquer un autre conflit militaire en mer Jaune et ainsi à pousser vers une phase de guerre ». Si ces intrusions se poursuivent, le Nord « mettra en oeuvre des mesures militaires pour défendre ses eaux territoriales ». Séoul a, de son côté, démenti toute intrusion sur le territoire nord-coréen.

Mesures de rétorsion

Les mesures de rétorsion concernent également l'économie, puisque la Corée du Nord a fait savoir qu'elle expulserait le personnel sud-coréen travaillant dans le complexe industriel de Kaesong, situé au nord de la ligne de démarcation, mais financé par Séoul et dans lequel des grands groupes sud-coréens font travailler de la main d'oeuvre du Nord. Des transfuges nord-coréens ont assuré, hier, que le leader nord-coréen, Kim Jong-il, avait demandé, le 20 mai dernier, à ses troupes de se tenir prêtes au combat. Les services secrets sud-coréens ont simplement déclaré qu'ils vérifiaient l'information.

La Corée du Sud avait promis lundi de « faire payer » à Pyongyang « le prix » du naufrage du Cheonan, en demandant de nouvelles sanctions à l'ONU et en suspendant les échanges commerciaux avec son voisin.

Sur le plan diplomatique, la Chine, où se déroulait le deuxième « Dialogue stratégique et économique » avec les Américains, a fait des concessions de pure forme en se disant « prête à travailler avec les Etats-Unis et d'autres parties ». De même, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, attendue aujourd'hui à Séoul, a déclaré hier que Washington « allait travailler avec la communauté internationale et [ses] collègues chinois pour mettre au point une réponse efficace et appropriée ». Séoul tente actuellement d'obtenir l'appui de Pékin pour imposer des sanctions à la Corée du Nord. Pékin est un acteur clef du dossier nord-coréen, puisqu'il est le seul régime à soutenir diplomatiquement et financièrement Pyongyang. La Chine craint par-dessus tout une réunification au bénéfice du Sud, qui permettrait à Washington, implanté militairement en Corée du Sud, d'être présent en territoire limitrophe de la Chine. Les Etats-Unis ont qualifié hier soir d'« étrange » la décision de la Corée du Nord.

GABRIEL GRESILLON

PHOTO - A North Korean soldier (top L) and South Korean soldiers (front) stand opposite each other at the truce village of Panmunjom, in the Demilitarized Zone separating the two Koreas on May 26, 2010. North Korea warned it would block South Korean access to a joint industrial estate in its territory if Seoul goes ahead with its plan to resume cross-border propaganda broadcasts.

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