Il ne manquait plus que cela. Venant s'ajouter à un climat global d'inquiétude sur les marchés, la tension monte dans la péninsule coréenne. Depuis que le Sud a officiellement fait savoir qu'il soupçonnait le Nord d'être le responsable du naufrage de la corvette Cheonan, qui a fait 46 morts parmi les marins sud-coréens, Pyongyang a manifestement décidé d'une stratégie de l'escalade. Hier, le régime nord-coréen a décidé de rompre toute ses relations avec la Corée du Sud. Par la voie d'un communiqué, Pyongyang a affirmé que sa mise en cause par la Corée du Sud dans le naufrage de la corvette Cheonan équivalait à une déclaration de guerre. Il a donc décidé de rompre toutes ses relations ainsi que les communications avec la Corée du Sud et d'abroger un accord de non-agression pour protester contre les accusations de torpillage du Cheonan. L'armée nord-coréenne a par ailleurs accusé hier la marine sud-coréenne d'avoir pénétré dans ses eaux territoriales, « une provocation délibérée visant à provoquer un autre conflit militaire en mer Jaune et ainsi à pousser vers une phase de guerre ». Si ces intrusions se poursuivent, le Nord « mettra en oeuvre des mesures militaires pour défendre ses eaux territoriales ». Séoul a, de son côté, démenti toute intrusion sur le territoire nord-coréen.
Mesures de rétorsion
Les mesures de rétorsion concernent également l'économie, puisque la Corée du Nord a fait savoir qu'elle expulserait le personnel sud-coréen travaillant dans le complexe industriel de Kaesong, situé au nord de la ligne de démarcation, mais financé par Séoul et dans lequel des grands groupes sud-coréens font travailler de la main d'oeuvre du Nord. Des transfuges nord-coréens ont assuré, hier, que le leader nord-coréen, Kim Jong-il, avait demandé, le 20 mai dernier, à ses troupes de se tenir prêtes au combat. Les services secrets sud-coréens ont simplement déclaré qu'ils vérifiaient l'information.
La Corée du Sud avait promis lundi de « faire payer » à Pyongyang « le prix » du naufrage du Cheonan, en demandant de nouvelles sanctions à l'ONU et en suspendant les échanges commerciaux avec son voisin.
Sur le plan diplomatique, la Chine, où se déroulait le deuxième « Dialogue stratégique et économique » avec les Américains, a fait des concessions de pure forme en se disant « prête à travailler avec les Etats-Unis et d'autres parties ». De même, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, attendue aujourd'hui à Séoul, a déclaré hier que Washington « allait travailler avec la communauté internationale et [ses] collègues chinois pour mettre au point une réponse efficace et appropriée ». Séoul tente actuellement d'obtenir l'appui de Pékin pour imposer des sanctions à la Corée du Nord. Pékin est un acteur clef du dossier nord-coréen, puisqu'il est le seul régime à soutenir diplomatiquement et financièrement Pyongyang. La Chine craint par-dessus tout une réunification au bénéfice du Sud, qui permettrait à Washington, implanté militairement en Corée du Sud, d'être présent en territoire limitrophe de la Chine. Les Etats-Unis ont qualifié hier soir d'« étrange » la décision de la Corée du Nord.
GABRIEL GRESILLON
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