jeudi 6 mai 2010

La question du point de vue en régime totalitaire

Le Monde - Culture, vendredi, 7 mai 2010, p. 23

L'exposition du MoMA présente 39 photos extraites du reportage réalisé par Cartier-Bresson en Chine, en 1958, qui témoignent du Grand Bond en avant. Cette politique de collectivisation mise en place par Mao se soldera par une famine qui fera entre 20 et 30 millions de morts. Les photos provoquent un certain malaise. Elles ne montrent pas grand-chose de la dictature épouvantable et de la population broyée depuis dix ans. Certes, Cartier-Bresson était sous le contrôle du régime, comme le fut son premier reportage en Chine, en 1948, ou celui en URSS en 1954. " Le programme ne comportait pas de visite guidée du goulag ", écrit justement Peter Galassi dans le catalogue, bien plus passionnant que tous les albums d'images sur Cartier-Bresson. Mais la géniale machine à cadrer qu'il était pose question en régime totalitaire. Que formulait ainsi le photographe Robert Frank, en 2000, dans Le Monde : " Cartier-Bresson a voyagé dans des pays où il est impossible de photographier sans point de vue. En avait-il un ? Disons qu'il a bien aménagé son absence de point de vue. "

PHOTO - A man looks on September 9, 2008 at photographs, as she visits the 'Henri Cartier-Bresson / Walker Evans, Photographier l'Am?rique, 1929-1947' exhibition, dedicated to French photographer Henri Cartier-Bresson and US photographer Walker Evans' works in the United States, at the Henri Cartier-Bresson (HCB) foundation in Paris. The HCB foundation celebrates the centennial of the birth of Cartier-Bresson, who has born in August 1908 and who died in 2004, and admired the works of US master photographer Walker Evans.

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