L'exposition du MoMA présente 39 photos extraites du reportage réalisé par Cartier-Bresson en Chine, en 1958, qui témoignent du Grand Bond en avant. Cette politique de collectivisation mise en place par Mao se soldera par une famine qui fera entre 20 et 30 millions de morts. Les photos provoquent un certain malaise. Elles ne montrent pas grand-chose de la dictature épouvantable et de la population broyée depuis dix ans. Certes, Cartier-Bresson était sous le contrôle du régime, comme le fut son premier reportage en Chine, en 1948, ou celui en URSS en 1954. " Le programme ne comportait pas de visite guidée du goulag ", écrit justement Peter Galassi dans le catalogue, bien plus passionnant que tous les albums d'images sur Cartier-Bresson. Mais la géniale machine à cadrer qu'il était pose question en régime totalitaire. Que formulait ainsi le photographe Robert Frank, en 2000, dans Le Monde : " Cartier-Bresson a voyagé dans des pays où il est impossible de photographier sans point de vue. En avait-il un ? Disons qu'il a bien aménagé son absence de point de vue. "
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