vendredi 7 mai 2010

Les actions chinoises attendent l'argent des investisseurs - Wei Gu

Le Monde - Economie, samedi, 8 mai 2010, p. 15

Tendance baissière pour les Bourses chinoises. Depuis le début de l'année, sur ces places, les titres des sociétés ont cédé 13 %. Les inquiétudes à l'égard des bulles spéculatives et de l'inflation n'ont pas été dissipées, mais les liquidités et une croissance soutenue augurent d'ajustements favorables pour ces marchés d'actions.

Les secteurs immobilier et bancaire ont été touchés de plein fouet par la crise. Pékin a donc mis en oeuvre une série de mesures visant à contrôler les prix sur le premier, actuellement le meilleur moteur pour l'économie locale mais aussi une source d'inquiétude pour les investisseurs en cas de ralentissement de la croissance économique en Chine.

Un possible excès de l'offre préoccupe également les investisseurs, tout autant que les grands créanciers. Déjà, trois des principales banques chinoises cotées prévoient à elles seules de lever jusqu'à 140 milliards de yuans (15,8 milliards d'euros), essentiellement par actions.

Mais à y regarder de plus près, toutes ces craintes sont exagérées. En effet, la capitalisation des sociétés cotées à la Bourse de Shanghaï équivaut à environ 18 fois leur bénéfice estimé pour 2010, à comparer avec des coefficients historiques compris entre 15 et 30. Pour Vanke, le plus important promoteur immobilier de Chine, le coefficient de capitalisation des bénéfices (PER en anglais) est actuellement de 10,5, alors que la moyenne se situe à 14 pour le secteur immobilier en Asie. Il y a un an, Vanke affichait encore un PER d'environ 25.

Il y a aujourd'hui deux raisons d'anticiper de meilleures performances. Des liquidités restent disponibles et la masse monétaire a augmenté de 22,5 % en mars, même si Pékin en a " subtilisé " une partie. Quant à l'inflation, elle est de retour, bien que modestement. Or, les marchés chinois sont plus performants lorsque les prix sont en hausse; c'était le cas en 2007, lorsque l'inflation était une préoccupation majeure.

Un placement logique

Si les tentatives de Pékin pour calmer le marché immobilier - qui a durement affecté les places boursières - fonctionnent, cela pourrait aider la reprise. Car l'argent des investisseurs doit bien aller quelque part.

Des taux d'intérêt réels moyens négatifs prouvent que les comptes d'épargne sont à proscrire, et il n'existe pas beaucoup d'alternatives. Les actions sont donc un placement logique.

Les craintes pourraient réapparaître si Pékin laissait la bulle immobilière éclater brusquement, ou si l'inflation devenait ingérable, ou encore si des mobilisations démesurées de capitaux venaient à émerger.

Mais les décideurs ne restent pas de marbre face à ces risques, comme le laissent entrevoir les dernières séries de mesures adoptées par Pékin. Les liquidités sont abondantes et l'inflation est contenue. Prendre les actions chinoises pour de simples outsiders mondiaux serait donc une erreur.

Wei Gu

(Traduction de Séverine Gautron)

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