De passage à Shanghai avec des groupes américains, le secrétaire au Commerce des Etats-Unis, Gary Locke, a appelé le pouvoir communiste à ne pas fermer ses marchés verts aux entreprises étrangères, qui espèrent trouver des relais de croissance en Chine.
Si la conversion des autorités de Pékin à la croissance verte ne convainc pas encore tous les responsables économiques et politiques du pays, elle fascine les dirigeants des groupes occidentaux. Quelques semaines après le passage, à Pékin, de Nicolas Sarkozy, qui avait longuement plaidé auprès des autorités chinoises pour le savoir-faire des entreprises françaises en matière de gestion de déchets ou de captation de polluants, Gary Locke, le secrétaire américain au Commerce, est arrivé, à son tour, hier, à Shanghai, pour promouvoir des groupes américains. « Il existe une opportunité incroyable pour toutes les sociétés du monde qui voudraient aider la Chine à tenir ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre et à gérer plus efficacement son énergie », a indiqué, dès dimanche, depuis Hong Kong, le responsable américain, accompagné de représentants de Duke Energy, Peabody Energy ou encore DuPont.
Les fabricants américains et européens d'éoliennes, de logiciels de gestion de l'électricité ou de véhicules propres espèrent tous profiter des nouveaux besoins chinois, définis par le pouvoir central qui s'inquiète de l'envolée de sa consommation énergétique et de la catastrophique détérioration de son environnement. L'an dernier, les investissements chinois, publics et privés, dans le seul secteur des énergies renouvelables ont été mesurés, par le Pew Charitable Trusts à 34,6 milliards de dollars en Chine, quand ils atteignaient 18,6 milliards aux Etats-Unis et 11,2 milliards en Grande-Bretagne. « Il se passe ici quelque chose d'énorme et les mentalités évoluent à tous les échelons extrêmement vite », affirmait, fin avril, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, avant de signer un projet de coopération sur le développement durable avec la province du Hubei. Dans la zone, la France espère promouvoir les technologies françaises de valorisation des boues, de gestion des systèmes de mobilité ou d'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments.
Si des contrats sont régulièrement emportés dans le pays par les groupes occidentaux, les états-majors des sociétés étrangères redoutent une progressive fermeture du marché chinois. « La Chine veut être capable de ne dépendre que d'elle-même », résume Frank Haug-witz, un expert en énergie renouvelable basé à Pékin.
Avec la crise de 2009, le gouvernement communiste, qui veut voir émerger dans ces secteurs des champions nationaux, a déjà exclu certains concurrents étrangers des grands marchés publics.
Politiques préférentielles
Plusieurs acteurs occidentaux de l'éolien affirment souffrir de ces politiques préférentielles. Alarmé par ces tentations protectionnistes, Gary Locke a formellement appelé Pékin à ne pas fermer ses marchés verts. « Les Etats-Unis continuent de s'inquiéter de l'environnement des affaires en Chine », a-t-il martelé lundi, en dénonçant le non-respect des droits de propriété intellectuelle et l'application flexible des droits des entreprises étrangères dans le pays. Le ministre a promis d'évoquer ces problèmes dès lundi prochain, dans le cadre d'une nouvelle réunion du dialogue stratégique économique sino-américain.
YANN ROUSSEAU
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire