Un projet de résolution durcissant les sanctions devait être soumis, hier, à l'ONU.
L'accord signé lundi entre l'Iran, la Turquie et le Brésil sur un échange d'uranium était censé mettre un terme, ou du moins ralentir la perspective de sanctions. Il aura eu l'effet inverse. La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a annoncé hier un accord avec la Chine et la Russie sur un quatrième volet de sanctions, en négociation depuis plusieurs mois à l'ONU entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France), plus l'Allemagne. « Nous sommes parvenus à un accord sur un projet fort, avec la coopération de la Chine et de la Russie », a déclaré la chef de la diplomatie américaine. Selon elle, une « résolution forte sur des sanctions adressera un message sans équivoque sur ce que l'on attend de l'Iran ».
La négociation du texte devait commencer à 16 heures à New York (22 heures en France) lors d'une réunion du Conseil de sécurité où siègent actuellement le Brésil et la Turquie (en tant que membres non permanents). Ces deux pays se retrouvent ainsi pris à contre-pied. Le projet de résolution « constitue la réponse la plus convaincante que nous puissions apporter aux efforts entrepris par l'Iran ces derniers jours », a clairement indiqué Hillary Clinton.
Lundi, en effet, le président brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva, et le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, estimaient être parvenus à une médiation avec le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Téhéran avait accepté de transférer à l'étranger 1 200 kg de son uranium faiblement enrichi - soit la majeure partie de son stock connu - en échange de combustible destiné à son réacteur de recherche médicale. L'accord prévoyait de confier à la Turquie le soin d'enrichir l'uranium iranien, sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). « Il n'y a plus besoin de sanctions », déclarait alors le président Lula au côté d'un Ahmadinejad rayonnant.
Modèle nord-coréen
C'était compter sans la détermination des Occidentaux à ne pas tomber dans ce qu'ils estiment être un nouveau piège de l'Iran. « L'annonce venue de Téhéran laisse de nombreuses questions sans réponses », soulignait hier la secrétaire d'État américaine. Adepte des volte-face à répétition, Téhéran est soupçonné de développer clandestinement un programme nucléaire militaire, bien qu'il soit signataire du traité de non-prolifération. Pour Nicolas Sarkozy, l'accord avec la Turquie et le Brésil peut être « un pas positif », à condition qu'il « s'accompagne logiquement d'un arrêt de l'enrichissement à 20 %. » Or, le ministre des Affaires étrangères iranien a déjà annoncé la « poursuite de l'enrichissement de l'uranium à 20 % sur le territoire de l'Iran ».
L'un des points cruciaux du projet de sanctions pourrait être calqué sur une résolution adoptée l'an dernier contre la Corée du Nord, après son second essai nucléaire. Celle-ci autorise l'arraisonnement des navires marchands en provenance ou à destination d'un port nord-coréen, à la recherche d'armes, de matériaux nucléaires ou à « double usage » (civil et militaire), ainsi que d'autres cargaisons assujetties à l'embargo de l'ONU. Les nouvelles sanctions devraient également cibler un certain nombre d'institutions financières ou de comptes iraniens à l'étranger, notamment ceux liés aux gardiens de la révolution, bras armé du régime et instrument de la répression contre les manifestants. Le détail des mesures coercitives reste cependant à préciser. Tout au long des négociations, la Chine et la Russie ont protégé leurs intérêts stratégiques et commerciaux en Iran. Pékin, par exemple, en importe 12 % de ses besoins en pétrole.
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