Pendant que Busan, au Sud, accueille les ministres des Finances du G20, la plus grande confusion règne au Nord, à la frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord.
Après le naufrage d'une corvette sud-coréenne le 26 mars dernier torpillée par les Nord-Coréens, qui a fait 46 morts, Séoul a décidé d'interdire le commerce entre le Nord et le Sud et de geler tous les investissements en cours. Le gouvernement a adressé une lettre dans ce sens à pas moins de 200 entreprises qui étaient en contact avec Pyongyang.
En guise de rétorsion, la Corée du Nord veut fermer la seule route qui relie les deux parties de la péninsule et conduit au complexe industriel de Kaesong, à 60 kilomètres au nord de Séoul, signant du même coup l'arrêt de mort de ce dernier.
Créée en 2000 par l'ancien président Kim Dae-jung, cette zone sud-coréenne installée de l'autre côté de la frontière a démarré en 2004. Elle abrite aujourd'hui 121 entreprises du Sud qui font travailler 42 000 Nord-Coréens et un peu plus de 800 Sud-Coréens. Elle produit des ustensiles de cuisine, des vêtements, des montres, des chaussures pour des salaires qui ne dépassent pas 65 dollars par mois quand il faudrait payer 2 000 dollars au Sud. Elle réalise un chiffre d'affaires de 250 millions de dollars chaque année, rapporte 60 millions de loyer à la dictature du Nord et assure à elle seule plus de 60 % des échanges de la Corée du Nord avec le Sud.
À terme, Séoul et Pyongyang imaginaient que Kaesong pourrait accueillir 2 000 entreprises, venues du monde entier, et faire travailler 600 000 ouvriers. C'était sans compter avec la détérioration des relations Nord-Sud depuis l'arrivée au pouvoir du président Lee Myung-bak en 2008.
Cette année-là, après la mort d'une femme sur le circuit touristique de la montagne du Diamant, tuée par un garde nord-coréen, Séoul a décidé d'arrêter le programme qu'il finançait. En réponse Pyongyang a confisqué tous les biens immobiliers sud-coréens sur le circuit. Des avoirs qui atteindraient 320 millions de dollars.
Besoin de dollars
Kaesong représente un pas de plus dans l'escalade. Les investissements sud-coréens sur le complexe industriel dépassent 500 millions de dollars. Le fermer coûterait autant, « mais c'est parfaitement possible », juge un spécialiste sud-coréen.
C'est cependant ce qui explique aussi que Séoul, tout en y interdisant tout investissement supplémentaire, ne fasse rien encore pour décourager les activités des entreprises qui y travaillent. De la même manière, Pyongyang continue d'autoriser les Nord-Coréens à s'y rendre chaque matin.
Pour combien de temps? Le mois dernier, la visite d'une délégation d'investisseurs chinois a laissé penser que les Nord-Coréens pourraient leur céder Kaesong. Mais Pyongyang a besoin des dollars de Séoul pour continuer de commercer avec Pékin, qui reste de loin son premier partenaire. En 2008, la Chine garantissait plus de la moitié du commerce extérieur global de la Corée du Nord.
Arnaud Rodier
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