Le numéro un mondial du pneumatique est peu présent en première monte dans les BRIC. Il souhaite fortement y augmenter ses capacités de production. Mais, au Brésil, les concurrents sont déjà bien implantés.
Les investissements, sensiblement réduits pendant la crise, reprennent progressivement chez Michelin. Avec une priorité : les pays émergents. Le numéro un mondial du pneumatique prévoit d'investir 2 milliards de dollars d'ici à 2012 pour augmenter ses capacités dans ces régions en forte croissance, où il accuse un retard par rapport à ses concurrents. « Notre problème, c'est que la croissance de nos capacités est insuffisante par rapport à celle de la demande. En première monte, notre présence reste pour l'instant limitée », a expliqué Michel Rollier, gérant mondial de Michelin à l'occasion du Challenge Bibendum, une manifestation sur les véhicules propres qui se déroule actuellement à Rio de Janeiro.
La première monte, c'est-à-dire l'équipement de véhicules neufs, représente pourtant une part importante dans les pays émergents, de l'ordre de 50 % du marché en Chine et de 20 à 25 % au Brésil. Mais, faute de capacités suffisantes, Michelin privilégie le segment du remplacement, plus rentable. A plus long terme, il est tout de même dans l'intérêt du groupe français d'accroître sa présence auprès des constructeurs, en raison, d'une part, de la loyauté des clients à la marque lors du remplacement des pneus, mais aussi parce que cela correspond à une demande des groupes automobiles. « On ne peut pas équiper un constructeur en Amérique du Nord et lui dire qu'on ne peut pas le faire en Amérique du Sud », résume le patron français.
Au Brésil, le pneumaticien va investir près de 400 millions de dollars pour agrandir ses deux usines existantes, à Campo Grande et Itatiaia, dans l'Etat de Rio de Janeiro. Environ 300 millions seront consacrés au site d'Itatiaia, où Michelin souhaite produire des pneus de tourisme à partir de 2012. Le groupe auvergnat n'était présent dans ce domaine qu'au travers d'une petite unité située en Colombie. Pas de quoi faire le poids par rapport à ses concurrents Pirelli et Bridgestone, qui exploitent chacun six usines sur le continent sud-américain ! Selon la société de prévision JD Power, les ventes de véhicules particuliers au Brésil devraient progresser de 50 % d'ici à 2015, après avoir déjà progressé de 10 % depuis 2007. Or, l'Amérique du Sud représente seulement quelques pourcentages du chiffre d'affaires de Michelin dans le pneu tourisme. L'industriel de Clermont-Ferrand souhaite doubler ses volumes d'ici à 2015, de façon à porter cette part dans le chiffre d'affaires à plus de 10 %. En plus de l'extension d'Itatiaia, le groupe va reprendre ses investissements à Campo Grande, arrêtés pendant la crise. Cette unité initialement spécialisée sur le poids lourds, s'est diversifiée depuis 2008 vers les engins de génie civil, un marché important avec l'exploitation des mines, et Michelin compte y consacrer 100 millions de dollars supplémentaires dans les prochaines années.
Construction d'une usine en Inde
En Chine et en Inde, c'est sur le poids lourd que Michelin fixe la priorité. Le fabricant de pneumatiques est en train de construire une usine en Inde, soit un investissement de 800 millions de dollars, et consacrer environ le même montant à la Chine dans une usine qui fabriquera d'abord pour le poids lourd et ensuite pour l'activité automobile. La Russie, pour l'instant, où tourne une usine aux environs de Moscou, n'est pas prioritaire sur la feuille de route de Bibendum.
« Ce marché représente des volumes moins importants et nous n'y disposons pas de véritable taille critique », a justifié Michel Rollier.
INGRID FRANCOIS (À RIO)
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