Restructurés, de nouveau bénéficiaires, les géants japonais de l'électronique sont à nouveau en ordre de bataille. Ils débarquent dans la 3D pendant que les opérateurs de mobiles font barrage à l'iPhone. L'après-crise est déjà engagée.
Les champions japonais de la high-tech tournent le dos à la crise. Amaigris et revenus dans le vert, les Sony, Panasonic, Toshiba et autres Sharp ont tous entrepris de se repositionner avec de nouveaux produits sur des segments neufs. La 3D, par exemple, semble désormais incontournable dans leurs catalogues, alors même que le marché n'est pas encore structuré. Qu'importe : après Sony et Panasonic, Sharp a décidé à son tour de se lancer dans l'univers de l'image en relief. Après avoir déjà présenté au printemps un écran de téléphone portable ou de console de jeu en 3D utilisable sans lunettes additionnelles, le leader des écrans plats à cristaux liquides vient de lever le voile sur sa nouvelle gamme baptisée « Quattron ». Elle délivre, pour des téléviseurs, une image en haute définition visible uniquement au travers de lunettes spéciales. Sharp espère, à ce stade, que ses téléviseurs 3D représenteront de 5 % à 10 % des 7,8 millions d'unités qu'il compte vendre cette année dans l'Archipel.
Si le géant d'Osaka affiche une technologie incluant quatre couleurs primaires, Mitsubishi Electric arrive, lui aussi, dans cette arène de la 3D, mais avec une technologie laser. En attendant Toshiba. Panasonic a, lui, présenté ses gammes en avril et passe déjà à un autre domaine, celui des systèmes photovoltaïques domestiques, codéveloppés avec Sanyo, devenu sa filiale. Le groupe, qui se retrouve en concurrence avec Sharp et Mitsubishi Electric sur ce segment, va proposer, dès le mois prochain, des dispositifs solaires à des particuliers et vise une part de marché de 35 % au Japon en 2012-2013.
Reprise des investissements
Avec l'assainissement du climat des affaires depuis la crise et l'inversion de cycle, les fabricants de semi-conducteurs reprennent eux aussi des couleurs. Toshiba, qui avait un temps gelé son projet de nouvelle usine de mémoires flash Nand, a décidé de reprendre les travaux dès juillet et va consacrer 160 milliards de yens (1,4 milliard d'euros) durant cette année fiscale aux seuls semi-conducteurs. Dans les trois ans, le conglomérat leader au Japon dans ce domaine compte doubler ses capacités moyennant 400 à 500 milliards de yens d'investissements. De son côté, Elpida, le numéro trois mondial pour les cartes Dram, va investir 115 milliards de yens cette année. Et Kyocera, Nidec et Murata tablent sur une hausse de plus de 10 % de leur résultat opérationnel durant ce même exercice. Tous bénéficient de la reprise de la demande sur les PC comme sur les appareils numériques ou les téléphones.
NTT Docomo et KDDI, les deux principaux opérateurs japonais, longtemps protégés à l'intérieur de leurs frontières, ont, eux, dégainé leurs armes anti-iPhone. Leurs « smartphones », qui fonctionnent avec Android (l'OS de Google) et Windows Mobile, ont pour mission d'endiguer la progression du produit vedette d'Apple, qui détient 72 % du marché domestique, selon les pointages de MM Research Institute. « Notre objectif est de vendre 1 million de nos "smartphones" au Japon », avance Ryuji Yamada, PDG de NTT Docomo. Softbank mobile a également lancé un « smartphone » fonctionnant à partir de la plate-forme Android et fabriqué par le taïwanais HTC.
Mais, à la différence de ses deux concurrents, Softbank accélère hors Japon. Masayoshi, son bouillonnant patron, a bien senti l'exiguïté de l'Archipel. « Nous voulons être le numéro un de l'Internet en Asie », ne cesse de répéter le propriétaire de Yahoo! Japan, déjà présent en Chine avec Alibaba. Déjà, Softbank ne se considère plus comme un simple opérateur ni comme une entreprise purement japonaise. D'autres vont suivre.
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